logo
Populate the side area with widgets, images, navigation links and whatever else comes to your mind.
Strömgatan 18, Stockholm, Sweden
(+46) 322.170.71
ouroffice@freestyle.com

Follow us

La fanfare arménienne du Négus – Boris ADJEMIAN

La fanfare arménienne du Négus – Boris ADJEMIAN

La fanfare arménienne du Négus
Boris ADJEMIAN

ADJEMIAN, Boris. La fanfare arménienne du Négus.

Les arméniens en Ethiopie (XIXe-XXe siècles) Représentations des étrangers, usages du passé et politique étrangère des rois d’Ethiopie au début du 20e siècle

Éditions : Editions de l’EHESS
Date de publication : 2013
Nombre de pages : 351

Lire → La fanfare arménienne du Négus – Boris ADJEMIAN

Présentation

Boris ADJEMIAN s’empare d’un épisode mineur et insolite, la création de la fanfare arménienne du négus d’Éthiopie en 1924, pour analyser la fabrique du national dans les sociétés contemporaines, ici en Éthiopie, pays africain indépendant, membre de la Société des nations (SDN). Au croisement de l’histoire sociale, culturelle et politique, l’étude de la genèse d’une musique nationale met au jour la part de l’étranger au cœur du nationale. L’article articule l’histoire courte de la création de la fanfare et l’histoire longue des rapports entre Éthiopiens et Arméniens ,primordiaux dans la mémoire et les représentations éthiopiennes et objets de maints usages politiques.

Le point de départ de cette étude est le recrutement en 1924 par le ras Täfäri⁽︎¹︎⁾︎, prince héritier et régent d’Éthiopie d’une fanfare de quarante orphelins arméniens rescapés des massacres de la Grande Guerre⁽︎²︎⁾︎. Âgés de douze à dix-huit ans ces enfants forment pendant cinq ans la fanfare royale du prince héritier. Leur maître de musique, l’Arménien Kévork Nalbandian compose à la demande du ras Täfäri le premier hymne national de l’Éthiopie.

Alors même que l’affirmation d’une identité éthiopienne est au cœur de la politique des rois d’Ethiopie, la création d’une musique nationale fut paradoxalement établie par des immigrés arméniens.

Boris ADJEMIAN insiste avec raison sur le rôle politique, insoupçonné jusqu’alors, de la fanfare royale, en évoquant une part de son répertoire politiquement provocateur alors que le regard colonial des Occidentaux fut d’un parfait mépris à l’égard « des flonflons cacophoniques de l’orchestre arménien ». En cela l’étude de Boris ADJEMIAN est un apport majeur pour qui veut comprendre les influences, les emprunts, le multiculturalisme qui entoure le monde des ensembles à vent hors d’Europe.

— Patrick Péronnet

⁽︎¹︎⁾︎ Désigné comme prince héritier du trône impérial d’Ethiopie et régent en 1916, il sera couronné négus en 1928 puis empereur (« Roi des Rois ») sous le nom de Haylé Sellassier Ier en 1930. Il règne jusqu’à la révolution marxiste de 1974.

⁽︎²︎⁾︎ On se rappellera le génocide des Arméniens perpétré de 1915 à 1923. au cours duquel les deux tiers des Arméniens qui vivent alors sur le territoire actuel de la Turquie périssent du fait de déportations, famines et massacres de grande ampleur.

Résumé

La première fanfare royale éthiopienne a été formée en 1924, avec quarante enfants de l’orphelinat du patriarcat arménien de Jérusalem et un directeur arménien qui a écrit le premier hymne national éthiopien. Cet événement doit être replacé dans un contexte d’emploi d’un nombre important de serviteurs et artisans arméniens à la cour éthiopienne dès la fin du XIXe siècle, ainsi qu’au regard des liens séculaires entretenus entre la monarchie éthiopienne et l’Église arménienne.

Dans le contexte d’une immigration européenne sans précédent et de la menace coloniale qui pèse sur cet État africain (le seul à avoir été admis à la Société des Nations), la mise en place de la fanfare arménienne du négus a révélé l’usage politique de la représentation des étrangers transmis par les dirigeants éthiopiens du début du XXe siècle.

L'auteur

Docteur en histoire, Boris ADJEMIAN a soutenu en 2011 une thèse de doctorat sur l’immigration arménienne en Éthiopie sous la direction de Gérard Noiriel (École des Hautes Études en Sciences Sociales) et d’Alessandro Triulzi (Università degli Studi di Napoli « L’Orientale »).

Ses travaux actuels portent sur l’histoire sociale et politique de l’immigration et des diasporas en Afrique et au Moyen-Orient, du XIXe siècle à nos jours.

En 2012, il succède à l’historien Raymond KÉVORKIAN à la tête de la Bibliothèque Nubar. Il co-fonde la revue Études arméniennes contemporaines en 2013. Historien de la diaspora arménienne en France, il publie en 2020 un ouvrage sur les Arméniens de la vallée du Rhône.