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Les fanfares féminines – Gavin HOLMAN

Les fanfares féminines – Gavin HOLMAN

Les fanfares féminines
Gavin HOLMAN

HOLMAN, Gavin. Women and Brass: the female brass bands of the 19th and 20th centuries / Soft lips on cold metal: female brass soloists of the 19th and early 20th centuries.

Éditions : academia.edu
Date de publication : 2018-2020
Nombre de pages : 89 / 165

Lire (en anglais 🇬🇧) → Women and Brass: the female brass bands of the 19th and 20th centuries – Gavin HOLMAN

Lire (en anglais 🇬🇧) → Soft lips on cold metal: female brass soloists of the 19th and early 20th centuries – Gavin HOLMAN

Présentation

De par sa nature et ses origines militaires, l’ensemble à vent fut longtemps le domaine réservé des hommes dans la pratique instrumentale.

En décembre 1864, Alphonse SAX, dit « Junior » (1822-1874), présente pour la première fois une « fanfare féminine » lors d’un concert donné au Palais de l’Industrie à Paris. C’est surtout au mois d’août 1865 que se produira en plusieurs occasions cette fanfare féminine alors dirigée par Laure MICHELI, sans doute la première cheffe d’orchestre reconnue en France(1).

Si cette fanfare intrigue et fait couler beaucoup d’encre dans la presse spécialisée de l’époque c’est que cette formation musicale atypique heurte des sensibilités diverses. Une fanfare de cuivre uniquement formée de femmes, jouant un répertoire militaire, dirigée avec un talent certain par une jeune femme… il y avait de quoi retourner le landerneau musical parisien. Alphonse SAX « Junior », frère d’Adolphe et lui-même facteur d’instruments à vent, ne se contente pas de créer cette fanfare, il publie un curieux ouvrage : Gymnastique des poumons : la musique instrumentale au point de vue de l’hygiène et la création des orchestres féminins (Paris, Imprimerie de Mary et Briet, 1865, 89 p.). Outre les visées hygiénistes ou bassement économiques de Sax « Junior « , cette intrusion du féminin dans le monde fermé du masculin n’aura pas de suite en France. Cependant, une génération plus tard, ces formations féminines fleurissent ailleurs.

Gavin HOLMAN, chercheur original, a porté son intérêt sur ces formations féminines et les artistes féminines (solistes, cheffes ou compositrices) qui se firent nombreuses dans les pays anglo-saxons entre 1880 et 1914. Il a rédigé d’intéressants articles sur cette intrusion du féminin notamment dans « Women and Brass: les fanfares féminines des XIXe et XXe siècles », et dans « Damen und Damen – artistes féminines des ensembles de cuivres itinérants de l’Empire allemand 1871-1918 ». Même si cet éclairage original est plus souvent une collecte documentaire qu’une étude musicologique, sociologique ou historique contextualisée, les matériaux cumulés au Royaume-Uni, aux États-Unis d’Amérique voire en Allemagne et au Canada donnent un éclairage intéressant sur ce fait souvent ignoré.

Si nombre de ces fanfares féminines étaient peu nombreuses en nombre d’exécutantes, ont eu une vie éphémère et furent récupérées comme « phénomène de cirque » lors des parades des cirques itinérants, dans une société à la recherche de sensationnel, de « jamais vu ou entendu ». Elles ont incontestablement ouvert la voie à une mixité qui ne connut de reconnaissance en France que dans les années 1970-1980, que ce soit dans les formations musicales d’amateurs ou les orchestres militaires professionnels. L’exemple de Sylvie HUE première clarinette-solo à l’Orchestre de la Garde républicaine, illustre cette ouverture pour les musiques institutionnelles en France. Le phénomène est devenu aujourd’hui commun pour ces « lèvres douces sur métal froid » des cuivres et les dernières barrières mentales s’effondrent les unes après les autres(2), ce dont il faut se réjouir.

La lecture de cet article de Gavin HOLMAN nous semble des plus intéressante sous cet aspect genré, alors que les sociétés occidentales, oublieuses ou peu éclairées, sont parfois enclines à revendiquer un machisme malsain, rétrograde voire réactionnaire à l’égard de l’évolution de la cause des femmes.

— Patrick PÉRONNET

(1) PÉRONNET Patrick, Les Dames de la fanfare, Alphonse Sax « junior », Laure Micheli et l’orchestre féminin, (dans le cadre de l’axe de recherche « Musiciens, musiciennes, études de genre » de l’IReMus, à paraître).

(2) Citons pour mémoire quelques faits marquants. En 2002 Pascale Jeandroz prend la direction du Chœur de l’Armée Française à la Garde républicaine avant d’être nommée cheffe-adjointe de la Musique des Gardiens de la Paix (2007-2011). Depuis 2007, Aurore Tillac est chef du Chœur de l’Armée Française. En 2017, Sandra Ansanay-Alex fut la première femme à accéder à un poste de cheffe de musique dans l’armée française (musique des Transmissions basée à Rennes).

Résumé

De la fin des années 1800 et au début des années 1900, il y eut de plus en plus de femmes participant à la vie musicale du monde occidental. Qu’elles soient solistes, membres de groupes familiaux, d’orchestres symphoniques amateurs ou professionnels, de fanfares ou d’harmonie, ces femmes musiciennes ont gagné leur place dans l’histoire – une place qui a été largement négligée ou moquée au profit de leurs homologues masculins.

Cependant, les détails et sources montrant les parcours individuels de ces artistes interprètes sont très limités. Celles qui dirigeaient ces ensembles ou qui furent connues comme artistes solistes, offrent plus d’informations sur leurs trajectoires musicales. Une grande partie de ces sources provenant de publications d’époque : articles de journaux sur des prestations, matériel publicitaire, programmes de concerts et autres objets similaires. Beaucoup de ces artistes féminines ont fait des tournées sur les circuits de théâtre et de vaudeville et en rapport avec le divertissement ou le spectacle notamment pour des engagements dans les stations balnéaires saisonnières. Compte tenu de la nature de la publicité et de la promotion, la plupart de leurs qualités ont été décrites de manière superlative, la plupart étant apparemment qualifiées de la « meilleure », la « plus grande », la « championne » ou d’hyperboles similaires. Cependant, il est clair qu’elles ont bénéficié d’une forte attractivité, étant perçues à égalité avec leurs homologues masculins en termes de capacités techniques mais possédant, de par leur nature, un attrait supplémentaire passablement libidineux pour un public avant tout masculin.

Certains écrits contemporains sont typiques de la façon dont ces instrumentistes de cuivres féminines étaient perçues. Malgré ces opinions et le poids énorme de la société patriarcale où le masculin incarne à la fois le supérieur et l’universel, ces femmes étaient déterminées à percer dans une carrière musicale et, dans certains cas, à surpasser les meilleurs de leurs homologues masculins et rivaux.

Quelques faits, témoignages ou anecdotes illustrent nombre de propos sexistes. Ainsi, à l’occasion des fêtes de Noël 1887, il est rapporté dans la presse qu’une fanfare pour femmes a été formée à New York. L’article « encourage » les nouvelles recrues à se faire connaître : des « demoiselles pleines d’âme, des jeunes filles à forte composition et des matrones musclées prêtes à risquer l’inévitable déformation du visage ».

N’en déplaise à cette presse misogyne, près de 300 femmes solistes pour les cuivres sont identifiées dans ce travail. Beaucoup restent, malheureusement, anonymes (du moins à l’heure actuelle de la recherche), et peu de détails accompagnent le nom de bien d’autres. Avec un intérêt croissant pour la contribution des femmes dans l’histoire de la musique et les chercheurs enrichissent régulièrement nos connaissances. Bien que peu représentatif de ce qui se passe en France à la charnière des XIXe et XXe siècles, le regard sur ces femmes et ces fanfares féminines est sans doute aucun un apport majeur.

L'auteur

Gavin HOLMAN, a une formation en informatique et en gestion des bibliothèques informatiques. Il fut responsable du développement des premiers grands systèmes numériques pour la British Library (bibliothèque nationale du Royaume-Uni possédant 170 millions de références dont environ 14 millions de livres) et en fut le responsable de l’infrastructure informatique et de la numérisation de ses nombreuses archives(3).

Passionné de musique, il a produit de nombreuses recherches sur les fanfares du début des années 1800 aux années 1950. Ses travaux sont accessibles en ligne via les archives numériques de la FIOE : www.ibew.co.uk. La traduction simultanée de l’anglais au français est parfois aléatoire pour les travaux publiés en ligne, mais le site permet de prendre connaissance de nombreux « post », « mises à jour » et recueils de cette bibliothèque numérique, tous rédigés ou validés par Gavin HOLMAN.

(3) La British Library a annoncé pour la période 2008-2011 un programme de numérisation, comprenant de la littérature britannique, des dizaines de périodiques, plus de 100 000 manuscrits grecs, mais aussi des enregistrements sonores. L’accès aux documents est partiellement payant, partiellement gratuit.