11 novembre 2018, la Création pour commémorer

La commémoration du centenaire de l’Armistice du 11 novembre 1918 a été l’occasion pour certains de nos Orchestres d’Harmonie français de commander de nouvelles œuvres.

L’événement a ainsi inspiré les compositeurs : Maxime AULIO, Karol BEFFA, Matthieu BURGARD, Benoît DANTIN, Nicolas JARRIGE et Bruno REGNIER.

Retour sur ces 6 créations qui célèbrent la fin de « la Der des Ders ».

Et si ce n’était qu’un rêve…

L’Orchestre d’Harmonie de la Ville de Nevers a commandé à Maxime Aulio l’œuvre Et si ce n’était qu’un rêve… avec chœur d’enfants, soprano et récitant. La partition est disponible dans la partothèque des compositeurs membres de l’AFEEV.

« On ne se lance pas dans le sillon des valeureux poilus de 14-18 sans avoir cherché à comprendre leur enfer. Maxime Aulio s’est donc immergé dans ce chapitre de l’histoire de France. Il s’est imprégné des mots de Jean Jaurès, ceux du discours prononcé le 25 juillet 1914, à Lyon, cinq jours avant d’être assassiné à Paris : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! », avait tonné l’orateur, parlementaire socialiste. Pour le jeune compositeur, les mots de Jaurès ce jour-là, ont été « le premier choc avant la guerre ».

Maxime Aulio ne s’est pas limité à cette tribune. Il s’est plongé dans des livres évoquant 14-18, a compulsé des archives « chargées d’émotion », lu des courriers de poilus et de leurs familles. Il avoue : « Ces lettres m’on fait pleurer. C’est vraiment prenant ! »

Un son a pris Maxime Aulio « aux tripes », celui du tocsin annonçant la déclaration de guerre. En visionnant des documents dans lequel sonne le maudit « braillard », il dit avoir eu cette impression « que la vie s’arrête ». Incontournable cloche dans cette période troublée. À tel point que le compositeur en a fait l’alpha et l’oméga de son œuvre. Le tocsin sonne en effet l’ouverture et la note finale de la fresque, comme si Maxime Aulio voulait sortir l’auditoire de la torpeur. Comme pour le faire revenir à la réalité et laisser planer le doute.

Cette guerre, ces horreurs… Et si ce n’était qu’un rêve ? Un mauvais rêve. On pourrait s’étonner de cette question, de ce détachement par rapport à la réalité, de ce « regard lointain », selon les propres mots du compositeur. Mais il ne cherche pas à réécrire l’histoire. Il offre en fait deux options : se placer dans la tête des jeunes générations qui n’ont pas connu les poilus ou dans celle d’un soldat de cette guerre se demandant « s’il n’est pas en train de rêver ».

Un rêve ? Non ! La réalité reprend vite le dessus lorsque le compositeur livre un passage de son oeuvre : « On se retrouve plongé au fond des cratères d’obus, projeté dans cette ambiance par les cuivres de l’orchestre… »

Point de rêve, mais un vrai cauchemar. L’enfer sur terre pour ces soldats des tranchées. Pour mettre en musique leur terrible quotidien, Maxime Aulio a respecté la règle qui lui sert, depuis longtemps, de ligne directrice : ne jamais composer sur ordinateur. Tout est écrit à la main, comme pour se rapprocher de ces hommes qui, dans les tranchées et les cratères, crayonnaient des mots, des croquis, autant de précieux témoignages des jours et des nuits de combats. Lui, il en a fait des notes. Des noires, des blanches. Et un do mineur volontairement omniprésent pour donner « un caractère sombre » à la fresque en apportant un contraste à sa teinte « aérienne et onirique » imprimée par l’auteur.

Ce sera sans doute l’un des plus puissants, poignants moments de ce centenaire de l’armistice à Nevers. »

— Journal du Centre 9/11/2018
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Création : Et si ce n’était qu’un rêve…

Orchestre d’Harmonie de la ville de Nevers
Classes de Formation Musicale et leurs professeurs du Conservatoire de Nevers
Solistes : Lamia Beuque (mezzo-soprano) et Philippe Dufour (récitant)
Direction musicale : Bruno Boutet
Compositeur : Maxime Aulio