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VII. Final – Désiré DONDEYNE

VII. Final – Désiré DONDEYNE

Désiré Dondeyne
1921 – 2015

L’année 2021 marque le Centenaire de la naissance de Désiré DONDEYNE. Afin de vous permettre de découvrir l’homme et quelque unes de ses œuvres rares ou références de son répertoire pour Orchestre d’Harmonie, nous souhaitons lui rendre hommage par divers épisodes publiés tout au long de l’année.

VII. Final

Nous concluons notre Symphonie-hommage à Désiré DONDEYNE avec un retour sur les 2 beaux événements qui ont lieu en novembre 2021 à Issy-les-Moulineaux, en partenariat avec l’Union des Fanfares de France, l’Association Désiré Dondeyne, la Musique des Gardiens de la Paix et de nombreux amis de Désiré qui ont aussi participé.

Quelques nouveaux documents et raretés sont encore partagés avec vous, et alors que nous fermons le rideau sur ce centenaire, nous nous préparons à en débuter un autre, celui d’un grand ami de Désiré DONDEYNE : Serge LANCEN.

Répétition de la Musique des Gardiens de la Paix, 1957

Mardi 9 novembre 2021

Auditorium Niedermeyer d’Issy-les-Moulineaux

Présentation du Concert par Patrick Péronnet, musicologue

Honorer un compositeur au centenaire de sa naissance et six ans après sa disparition pourrait passer pour nombre de personnes comme un exercice au mieux prétentieux ou, au pire, maniéré, emphatique ou pompeux.

Nous souhaitons que cette soirée soit placée sous d’autres auspices : ceux de l’amitié sincère, dénuée de toute vénalité, ceux de la filiation et de la reconnaissance, ceux enfin d’un héritage musical dont nous avons le devoir d’entretenir la postérité.

C’est en cela que nous pouvons tracer un portrait de celui que nous honorons ce soir en pleine connaissance et reconnaissance.

Bien qu’il fut un homme du Nord, Désiré Dondeyne avait planté ses racines à Issy-les-Moulineaux, il y avait ses amis, André Santini son maire avec lequel il échangeait les jeux de mots, bluettes et autres mots d’esprit ou René dit Mickey Nicolas, un saxophoniste espiègle que Désiré admirait pour sa créativité : « Toi avec ta musique, je peux faire cinq symphonies ; moi je suis obligé de trouver des thèmes, car je ne sais pas développer, alors je presse les citrons pour que les thèmes chantent » disait Désiré à Mickey. Je ne suis pas sûr qu’il pressa vraiment les citrons, mais Désiré avait été marqué par sa formation musicale et le goût de ses maîtres du Groupe des Six à ne pas développer un thème.

Issu d’un milieu modeste mais aimant, qui ne s’opposa jamais à sa vocation il entame par hasard une carrière musicale à Lens puis à Lille. Bien que le parcours dût le mener de suite au Conservatoire de Paris avec la recommandation de ses professeurs, sa mère s’y oppose avec affection « envoyer son fils de quatorze ans à Paris, ville de perdition ou il y a toutes ces « filles » et tout ça, alors là, pas question. Et puis tu ne trouveras pas à Paris une fille comme Micheline ! »… Ah, Micheline, la voisine, celle dont les yeux font battre le cœur du musicien et qui deviendra quelques années plus tard sa femme, « Maman », comme il l’appellera tout le reste de sa vie.

Il patiente jusqu’au jour de ses 17 ans pour rejoindre la classe d’Auguste Perrier au Conservatoire de Paris, faisant les aller-retours Lens-Paris, une fois par semaine pour prendre son cours de clarinette. Désiré signe un engagement à la Musique de l’Air de Paris et le 20 juillet 1939, jour de son 18e anniversaire, son père l’accompagne à la caserne et sermonne le planton pour que son fils soit incorporé le jour même puisque c’est écrit sur la feuille d’engagement. 5 semaines plus tard la France entrait en guerre, interrompant brutalement l’élan, l’appétit musical et le besoin viscéral que ressent Désiré d’acquérir un savoir devenu vital pour lui. Il ne reprendra le chemin du Conservatoire qu’en 1944 mais entretemps, il aura épousé Micheline en passant en fraude la ligne de démarcation.

Au Conservatoire, il y trouve ses maîtres : Fernand Oubradous pour la musique de chambre, Jean Gallon pour l’harmonie, Noël Gallon pour la fugue et le contrepoint, Tony Aubin, Olivier Messian et Darius Milhaud pour la composition. Toute sa vie Désiré sera reconnaissant de la rigueur et des ouvertures que lui offrirent ces personnalités. Reconnaître les bienfaits de ses maîtres est déjà une marque de savoir-être, mais Désiré possédait un bagage élogieux avec ses huit prix de conservatoire acquis entre 1945 et 1951. Il s’engage alors dans le « savoir-faire » avec ses premières œuvres et surtout dans une extraordinaire aventure musicale avec la Musique des Gardiens de la Paix dont il devient chef en 1954.

Pendant 25 ans, il obtiendra pour cette formation musicale un statut et une aura qui seront enviés par nombre de formations équivalentes.
C’est avec cette formation qu’il devient le musicien respecté que l’on honore aujourd’hui. Il apporte dans le monde des ensembles à vent un souffle qui lui faisait défaut depuis bien longtemps. Il l’écrit lui-même : « Ma nomination en tant que chef de la Musique des Gardiens de la Paix a été une consécration. J’ai pris en main cet orchestre et ma grande passion a été de redonner à la musique d’harmonie ses lettres de noblesse ».

D’une part Désiré écrit un répertoire pour cette formation, adapté aux effectifs et aux qualités de ses musiciens. D’autre part il joue les œuvres inédites de ses maîtres ou de ses condisciples du Conservatoire : Francis-Paul Demillac, Tony Aubin, Jacques Castérède, Roger Boutry, Darius Milhaud, Henri Dutilleux, Michel Legrand, etc. Il entame une recherche sur les répertoires avec la complicité de son ami historien-musicien Frédéric Robert et adapte les œuvres patrimoniales de la Révolution Française de Gossec, Catel, Blasius, Duvernoy, Cherubini, Méhul ou Reicha, ou celles de la période romantique, recréant la Symphonie Funèbre et Triomphale de Berlioz en 1976, enregistrant les musiques de scène du 14 juillet de Romain Rolland signées Milhaud, Auric, Honegger, Ibert, Koechlin, Lazarus et Roussel. Son amitié avec Germaine Tailleferre fera que cette dernière offrira des pages magistrales que Désiré orchestre avec talent pour l’ensemble à vent. Ce sera aussi l’occasion pour Désiré d’emmener Germaine sur les plages de l’Atlantique et de voir cette douce amie s’encanailler à arroser son monde, les pieds nus dans l’eau. Et puis il y a aussi les très proches, les amis, les intimes avec qui il fonde la section française de la WASBE : Serge Lancen, Mickey Nicolas et Ida Gotkovsky. L’œuvre laissée est impressionnante : 70 compositions originales pour l’orchestre à vent dont 6 symphonies et une vingtaine de suites, des pièces concertantes et de multiples études pédagogiques, des dizaines de disques dont des premières mondiales honorées du prix Charles Cros, etc.

Et l’œuvre de Désiré ne s’est pas arrêté à son seul emploi de chef avec son orchestre. Il fut l’initiateur d’échanges fructueux avec la Confédération Musicale de France et ses présidents Albert Ehrman, André Ameller, André Petit ou Maurice Adam. Il devient aussi président de l’Union des Fanfares de France en 1984 et le père fondateur de l’Association Française pour l’Essor des Ensembles à Vent que je représente aujourd’hui.

Ce lien avec le monde musical des harmonies et fanfares et du monde des musiciens amateurs, sera un des axes les plus significatifs de l’action de Désiré Dondeyne et ce jusqu’à ses derniers jours. Il s’en expliquait en 2005 : « Dans mes œuvres les plus modestes, je n’ai pas cherché à mettre en valeur cette technicité du timbre et de la sonorité, j’ai répondu à la demande des amateurs en écrivant une musique populaire, abordable et sans complexité. Par contre, mes symphonies et mes grandes œuvres sont dans la lignée de la recherche harmonique et du timbre ».

Plus discrètement Désiré fut aussi un pédagogue enseignant une partie de son art à des stagiaires qu’il sut envoûter par ses connaissances et ses compétences. Les cours avaient toujours lieu au piano dans une pièce modeste dont le tiers supérieur était envahi par l’épaisse fumée des cigarettes qu’il enchaînait entre deux remarques sur la production de l’élève : « apprends ton solfège !… », « n’importe quoi !… » ou encore avec un sourire dans l’œil : « non mais, il est con lui !… ».

L’œuvre de Désiré ne peut se résumer à un propos de 10 minutes. Pour ceux qui le souhaitent vous retrouverez six capsules consacrées à des aspects du personnage sur le site de l’AFEEV avec documents photographiques, enregistrements, partitions et la voix partageant moment exquis d’anecdotes drôles, et aussi de grande émotion.

Je souhaite laisser à Désiré l’occasion de vous dire ce qu’est sa musique. « Lorsque j’écris, beaucoup de gens me disent que c’est de la musique française. […] Je ne suis absolument pas influencé par les styles des autres pays. Je suis resté un musicien français, tout en ayant des origines flamandes. J’ai toujours composé dans un style d’écriture traditionnelle avec une pointe de supra tonalité qui était chère au Groupe des Six et que j’ai un peu imité. Il n’y a pas de honte à faire comme eux quand on aime. […] Je pense qu’il faut laisser la liberté à chacun d’aimer ou de ne pas aimer une œuvre ».

La façon la plus simple de comprendre un compositeur, c’est d’écouter sa musique. Mais avant de laisser sa place à l’orchestre d’harmonie d’Orange et des PTT sous la direction de Jérôme Naulais, je voudrais aussi saluer l’action de l’Association Désiré Dondeyne, organisatrice de l’événement de ce soir ainsi que la belle et grande famille de Désiré, fierté à nulle autre pareille pour lui et dont il ne parlait qu’avec de tendres accents. Enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants retrouveront ici la voix de celui que les musiciens ch’ti du nord nommaient entre eux leur ami D’ziré.

Pour conclure, je veux ici citer le musicologue Frédéric Robert qui dressait en 2008 un portrait de son ami Dondeyne : « Ceux qui liront la monographie exhaustive de Désiré Dondeyne par Francis Pieters seront émerveillés d’apprendre tout ce qu’il a signé comme œuvres originales et pas seulement pour les orchestres d’harmonie, comme transcriptions et orchestrations en tous genres, conciliant au mieux l’activité professionnelle avec sa vie privée. Ceux qui auront eu le privilège de l’entendre diriger la Musique des Gardiens de la Paix ou d’autres formations se souviendront combien le courant passait entre lui, les musiciens et le public pendant et même après l’exécution. On peut dire alors que, pour Désiré Dondeyne, selon la belle expression de Jules Vallès, « La Musique n’est pas l’accord des sons, elle est l’harmonie des âmes ». Heureux homme qui aura su rendre les hommes heureux ! »

Place à la musique.

Programme du Concert

1ère partie : Harmonie d’Orange et des PTT, direction Jérôme NAULAIS

Sevillana

Écrite et publiée en 2004 devant l’enthousiasme qu’une de ses petites filles eut en découvrant les rythmes andalous à l’occasion d’un voyage à Séville. « Espagnolade » en deux parties distinctes, Sevillana débute par une Introduction lente sur un rythme d’Habanera qui n’est pas sans rappeler celle de Carmen de Georges BIZET et se poursuit par une Danse aux sons des castagnettes.

Clin d’œil à son contemporain et vieil ami Juan Vincente MAS QUILES qui vient de décéder le 25 octobre dernier à l’âge de 100 ans, Cette pièce fut imposée au Concours International d’Orchestres de Jeunes à Schladming en Autriche en juillet 2005.

Il s’agit bien d’une œuvre qui s’adresse en priorité aux orchestre d’harmonie amateurs, ceux pour lesquels Dondeyne a produit tant de partitions.

Jubil’Air

Jubil’Air n’est pas une œuvre de Dondeyne et son écriture est des plus mémorables. À l’occasion de son jubilé, le 24 novembre 2001 à Saint-Priest, dans le Rhône, j’avais sollicité ses amis compositeurs pour tenter une aventure musicale : offrir à Désiré un hommage musical collectif. La formule était libre en dehors d’un léger canevas musical indicatif.

Cinq compositeurs répondirent à cet appel avec la complicité de l’éditeur Pierre LAFITAN :

Maurice FAILLENOT, clarinettiste, directeur de l’Ecole Nationale de Musique de Troyes a proposé les 8 premières mesures de cette partition,

Alain CREPIN, chef de la Musique de l’Air belge et directeur artistiques des musiques militaires royales belges, professeur de saxophone au Conservatoire royal de Musique de Bruxelles prit la plume et additionna 13 mesures,

Jérôme NAULAIS que je ne présente pas ce soir puisqu’il est présent et pourrait en dire plus que moi sur lui-même, Jérôme Naulais, donc, écrivit les 23 mesures suivantes,

Michel CHEBROU, clarinettiste et compositeur poursuivit l’aventure avec 44 mesures,

et enfin Mickey NICOLAS, saxophoniste et ami proche de Désiré, lui aussi Isséen, conclut l’aventure avec 24 autres mesures.

Ce sont donc 112 mesures qui forment cet hommage à cinq mains. Originellement prévu pour clarinette et piano, Jubil’Air a été orchestré par Jérôme NAULAIS à la sollicitation de Pierre LAFITAN.

Cette version a été créée ici même le 17 février 2002 par la Musique des Gardiens de la Paix de Paris, sous la direction de Philippe FERRO. Lorsque l’on évoque Désiré DONDEYNE, il est question d’amitié et de fidélité. Jubil’Air en est une preuve concrète.

En bis : Jacky Fox (surprise pour Jérôme Naulais)

2ème partie : Musique des Gardiens de la Paix, direction Gildas HARNOIS

Double quintette à vents
Arrangement de la Musique Funèbre Maçonnique de W.A. Mozart

Aspect très intéressant de l’œuvre de Désiré DONDEYNE, la transcription, est un genre souvent décrié parce que repris avec une idée de trahison de l’œuvre originale lorsqu’elle est de qualité médiocre.

Interrogé par Guy DANGAIN en 2006, Désiré disait :

« Au XIXe siècle, les transcriptions ont permis de faire entendre et connaître les belles œuvres aux masses populaires. À ce titre, elles sont respectables. Au XXIe siècle et malgré nos outIls de diffusion (radio, TV, CD, DVD), rares sont les jeunes qui connaissent Schubert, Mendelssohn, Weber, Berlioz, Dvorak, voire Mozart !

Réécrire des transcriptions de qualité et les jouer dans nos orchestres me semble nécessaire pour que nos jeunes musiciens, et moins jeunes d’ailleurs, découvrent les partitions de notre patrimoine.

J’ai bien dit des transcriptions de qualité, car la transcription doit être une reconsidération complète de l’œuvre et non une transposition systématique du répertoire symphonique à celui de l’orchestre d’harmonie. Il y a là toute une alchimie des timbres à mettre en valeur. Nous n’avons pas le droit d’encanailler, de défigurer la musique de nos grands Maîtres. »

La Maurerische Trauermusik ou Musique Funèbre maçonnique de Mozart, créée en 1785 et sa transcription par Désiré en 1988 sont un modèle du genre.

Bien que brève, cette « Musique funèbre » ou « Ode funèbre » en ut mineur K. 477 revêt une importance toute spéciale dans la production mozartienne, ne serait-ce que pour une raison : parmi la douzaine d’œuvres à destination maçonnique que le musicien a écrites entre 1785 et 1791, elle est la seule à ne pas faire appel à la voix, et peut-être la seule à s’élever bien au dessus des simples pièces de circonstance. Destinée au rituel de la Maîtrise, elle fait appel, à côté des cordes, à un riche ensemble d’instruments à vent, caractéristique-clé de la musique maçonnique de Mozart.

Le sentiment étreignant qui se dégage de ces soixante-neuf mesures n’atteint un pareil paroxysme que dans les premières mesures du Requiem ou certains passages de la Flûte enchantée. Aux plaintes des instruments à vent répondent les violons, qui vont imposer le rythme de la procession, tandis que les hautbois et la clarinette psalmodieront le thème liturgique. Tout cela jusqu’à une conclusion fascinante entre toutes, ce passage en majeur sur le dernier accord qui, après les sanglots et la douleur, apporte une ouverture magique sur la Lumière.

Concerto Lyrique, pour Saxophone et Harmonie de chambre
Soliste : Daniel GREMELLE

Composé en 1999, le Concerto lyrique pour Saxophone et Orchestre d’Harmonie de chambre a été écrit pour Daniel GREMELLE, ex-soliste de la Musique des Gardiens de la Paix, saxophone solo de l’Orchestre National de l’Opéra de Paris depuis 1990 et professeur de saxophone au Conservatoire de Rueil-Malmaison.

Le Concerto lyrique fut créé le 25 septembre 1999 par le dédicataire et la Musique des Gardiens de la Paix (dir. Louis Tillet) à Deville-lès-Rouen. Daniel GREMELLE est en outre dédicataire d’autres œuvres de Désiré pour Saxophone et Orchestre d’Harmonie : les Cinq variations sur le Petit Quinquin (1996) et les Variations sur un thème Montagnard (2007).

Gildas HARNOIS, Chef de la Musique des Gardiens de la Paix, a par ailleurs fait découvrir au public une œuvre inédite de Désiré DONDEYNE, dont les manuscrits étaient restés dans les archives de la Musique, et qui ne fut jamais rejouée depuis 1968 : Double quintette à vents.

Double quintette à vents, Manuscrit (1967)

Enregistrements Vidéos

Double quintette à vents, 2ème mouvement Andante

Double quintette à vents, 3ème mouvement Allegro

À sa disparition en 2015, le Ministère de la Culture via sa représentante Fleur Pellerin, rendra hommage à Désiré DONDEYNE :

Lors de la réalisation de notre portrait AFEEV consacré au Musicologue Frédéric ROBERT, ce dernier a évoqué sa collaboration avec Désiré DONDEYNE.

Biographie écrite par son fils Marc DONDEYNE

Désiré Louis Corneille DONDEYNE est né le 20 juillet 1921 à Laon dans le département de l’Aisne.

Après la Grande Guerre, le père de Désiré, mineur, quitte la mine pour s’engager aux Chemins de fer. Il est nommé à Laon et c’est là que Désiré DONDEYNE vient au monde. Plus tard, la famille retourne dans le Pas de Calais au dépôt des Chemins de fer de Lens. La famille Dondeyne habite la cité des cheminots d’Avion et c’est là que Désiré DONDEYNE intègre l’école primaire et reçoit une éducation religieuse.

À la Cité des Cheminots il y a un petit orchestre d’harmonie qui gère aussi une toute petite école de musique pour les enfants de la cité. Désiré DONDEYNE n’étant pas passionné par le jardinage et la peinture en bâtiment, le jeudi après-midi il se rend à l’école pour y apprendre le solfège et débuter la clarinette avec un instrument qu’il qualifiera plus tard de vieux clou.

Monsieur Dantin, son professeur, a éveillé chez ce jeune musicien un instinct musical qui ne le quittera jamais. Comme Désiré fait de gros progrès, son professeur suggère à ses parents de lui acheter une clarinette neuve. Ceux-ci font de gros efforts pour acquérir cet instrument. Après une année, Désiré DONDEYNE intègre le Conservatoire de Lens dans la classe de Louis AUBER.

C’est à cette époque que le destin de ce musicien va changer sa vie. Louis AUBER préconise de diriger Désiré DONDEYNE vers le Conservatoire de Lille dans la classe de Ferdinand CAPELLE. Heureusement que la famille Dondeyne n’avait pas à acquitter le prix des billets de train, car sans cette disposition accordée aux employés des Chemins de fer, Désiré DONDEYNE n’aurait jamais intégré le Conservatoire de Lille. Ses cours sont programmés le mardi et le samedi. Mais il y a l’école ! Les leçons non prises seront donc rattrapées le jeudi après-midi.

En 1934, à 13 ans, Désiré DONDEYNE obtient son 1er prix de solfège, et en 1937 son 1er prix de clarinette. Désormais, il peut renter au CNSM de Paris. Sa maman refuse d’envoyer son fils dans la capitale, qu’elle juge comme une ville de perdition.

En attendant ses dix huit ans, Désiré DONDEYNE commencera l’apprentissage de l’écriture auprès de Pauline NAGEL et jouera aux cérémonies religieuses avec une jeune fille qui tient l’harmonium de la chapelle et qui sera plus tard son épouse et son soutien pour la vie.

À dix huit ans, il décide de s’engager dans une musique militaire. Il se présente au CNSM en octobre 1938 et est reçu dans la classe d’Auguste PERRIER. Pour vivre dans la capitale, Désiré DONDEYNE passe le concours d’entrée à la Musique de l’Air et il est reçu dans cet orchestre qui vient tout juste d’être créé. Il signe son contrat le 20 juillet 1939 et intègre l’orchestre comme troisième clarinette. La même année, il est admis au CNSM dans la classe d’écriture de Jean GALLON.

Hélas, la guerre mettra un terme provisoirement à ses études car l’orchestre est envoyé à Toulouse en zone libre. Roger FAYEULLE, Chef de la Musique de l’Air encourage le jeune musicien à continuer à travailler malgré les circonstances exeptionnelles de l’époque.

L’Etat Français voulant protéger ses plus grands musiciens, affecte ces derniers dans des formations militaires situées en zone libre. C’est là que Désiré DONDEYNE fait la connaissance d’Henri DUTILLEUX qui l’aidera à parfaire sa connaissance de la composition. En échange, Désiré DONDEYNE lui donnera quelques conseils sur l’exécution des parties de percussion, pupitre dans lequel Henri DUTILLEUX est affecté.

Pendant cette période, il composera ses toutes premières œuvres, notamment un Quatuor de Trombones, ses Préludes Rythmiques, un Concerto pour Trio d’Anches ainsi que le Chant du Libéré, pièce commandée par le Général Jean-Marie Gabriel de Lattre de Tassigny.

La Libération venue, la Famille Dondeyne s’intalle à Issy-les-Moulineaux, ville qu’elle ne quittera jamais.

En novembre 1945, Désiré DONDEYNE réintégrera le CNSM qu’il quittera en 1954 après avoir obtenu sept Premiers Prix : Clarinette, Solfège spécialisé, Harmonie, Contrepoint, Fugue, Composition et Musique de Chambre. Au CNSM, il croisera Marcel BITSCH, Michel LEGRAND, Jacques CASTÉRÈDE, Ginette KELLER, Roger BOUTRY, Jean-Michel DEFAYE, Alain WEBER, pour nommer quelques-uns d’entre eux.

En 1953, le Chef de la Musique de l’Air, Robert CLÉRISSE part à la retraite. Désiré DONDEYNE souhaite passer le Concours de Chef de musique, mais comme il n’est pas officier, son général lui refuse cette autorisation.

Un jour dans la presse, il voit une annonce dans laquelle la Préfecture de Police recrute un nouveau Chef de musique. Cette annonce le motive et sera décisive dans sa vie. Au concours, il y a 21 candidats. Les épreuves d’écriture sont très sélectives et il ne reste que cinq retenus pour le finale. Désiré DONDEYNE sort premier de ce Concours. Il donne sa démission à l’Armée de l’Air mais, entre temps, il apprend que le Préfet de Police pourrait choisir le n°2 du Concours, car en qualité de Préfet il a toute autorité sur la nomination de ses officiers.

Au nom de l’école française de musique, ses professeurs multiplient de nombreuses interventions et au-delà de celles-ci, les musiciens de l’orchestre réclament la nomination de Désiré DONDEYNE à la tête de leur formation. Il était difficile pour la Préfecture de Police d’ignorer l’avis de l’orchestre, car après la Guerre, certains étaient décorés de la Légion d’Honneur, Médaille de la Résistance, Victoria Cross, ordre de la Couronne de Belgique, etc.

C’est avec le grade de commandant que Désiré DONDEYNE prend ses fonctions à la tête de la Musique des Gardiens de la Paix de Paris, le 21 juillet 1954.

Jusqu’en 1961, Désiré DONDEYNE passera beaucoup de son temps à motiver sa hiérarchie, ses hommes et de nombreuses associations afin de s’investir vers un nouveau patrimoine musical. Son premier disque, l’Histoire en Marche, Napoléon 1°, a un tel succès, que toutes les difficultés rencontrées s’amenuisent comme par enchantement.

En 1961, avec l’accord de son administration, Désiré DONDEYNE professionnalise son orchestre par un arrêté préfectoral toujours en vigueur aujourd’hui. À la tête de son orchestre, il obtiendra trois grands prix du disque dont un pour la Symphonie Funèbre et Triomphale d’Hector Berlioz. Pour faire suite à cette opportunité et ce succès, Désiré DONDEYNE, aidé de son ami musicologue Frédéric ROBERT, s’impliquera, avec son orchestre, à promouvoir les oeuvres d’Ida Gotkovsky, Serge Lancen, Roger Boutry, Georges Hugon, Jules Semler-Collery, Jean Maillot, Gérard Devos, Ginette Keller, Jacques Castérède, Albert Roussel, André Ameller, André Jolivet, Charles Koechlin, Kurt Weill, Marcel Landowski, Francis Poulenc, Arnold Schoenberg, Raymond Loucheur, Tony Aubin, Louis Durey, Darius Milhaud, Arthur Honegger, Germaine Tailleferre, Charles-Simon Catel, François Gossec, Luigi Cherubini, Florent Schmitt, Paul Ladmirault, Henri Sauguet, Georges Auric, Jacques Chailley…

De 1954 à 1979, le nombre de ses orchestrations pour orchestre à vent peut être chiffré à environ 300 pièces. Cet énorme répertoire en dépôt à la bibliothèque de la Musique des Gardiens de la Paix de Paris est unique dans le monde entier.

Ses activités musicales ne s’arrêtent pas avec sa retraite de la Police. Conjointement avec son activité de Chef d’Orchestre, il enseigne l’écriture au Conservatoire d’Issy-les-Moulineaux.

En 1980, le Maire de la Ville lui demande s’il serait d’accord pour lui créer un vrai conservatoire de Musique et de Danse. Désiré DONDEYNE accepte cette proposition et organise le recrutement de professeurs qualifiés ainsi que les directives pédagogiques d’une telle mission.

Il parviendra dans ces fonctions à faire élire le Conservatoire d’Issy-les Moulineaux au rang d’École Nationale de Musique, Conservatoire qu’il quittera en 1986 pour se consacrer à la composition d’une partie de son répertoire.

Il s’impliquera de très longues années dans la gestion des stages de formation, orchestre et direction, au sein de la Confédération Musicale de France aujourd’hui dépositaire de ses manuscrits originaux, ainsi que dans l’Union des Fanfares de France qu’il préside durant trente longues années avec le soutien de Michel BING, son ami vice-président.

La particularité de Désiré DONDEYNE reste avant tout la création d’un tissu social d’une ampleur jamais égalée, c’est-à-dire l’ensemble des liens sociaux que les individus entretiennent les uns avec les autres par le biais de la Musique. Comme il le disait lui même : « ce lien doit constituer une ressource importante, sur un plan individuel mais aussi sur un plan collectif. »

Les résultats de ses différentes actions montrent qu’il a permis aux musiciens amateurs ou professionnels, éditeurs, maisons de disques et conservatoires de musique, de se retrouver autour d’un seul objectif : la promotion et l’accessibilité à la Musique dans la vie des citoyens quelle que soit leur origine.

• Dédicace de Robert Clérisse, en 1946
• 1e photo officielle de Désiré avec la Musique des Gardiens de la Paix, en 1955
• avec Jan Molenaar (2006)
• avec Francis Pieters (2006)
• avec René Castelain (1993) et des membres de la CMF (1996)
• classe de Jean Gallon (1946) – avec Paul Méfano, Charles Chaynes
• classe de Tony Aubin (1948) – avec Roger Boutry
• concert avec la Musique des Gardiens de la Paix à Düsseldorf (1955)
• avec la Musique des Gardiens de la Paix en 1956
• au pupitre de clarinettes de la Musique de l’Air en 1939 et 1941