Fernand Halphen, chef de musique au 13e Régiment d’Infanterie Territoriale – Laure SCHNAPPER
Laure SCHNAPPER
SCHNAPPER, Laure. Fernand Halphen, chef de musique au 13e Régiment d’Infanterie Territoriale.
Éditions : Revue Tsafon №︎68 (2014-2015)
Date de publication : 2015
Nombre de pages : 20
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Fernand HALPHEN (1872-1917) fait partie de ces musiciens à la charnière des XIXe et XXe siècles que la Première Guerre mondiale faucha dans la fleur de l’âge et en pleine maturation de son œuvre créatrice.
Issu d’une famille juive aisée, intégrée au milieu culturel et artistique parisien (la princesse Singer-Polignac, mécène ou le peintre Auguste Renoir), Fernand HALPHEN fut élève du violoniste belge Martin-Pierre MARSICK et de Gabriel FAURÉ avant d’intégrer le Conservatoire de Paris dans la classe de Jules MASSENET. Il eut pour condisciples et amis Henri BÜSSER, Georges ENESCO et Reynaldo HAHN. Second Prix de Rome en 1898, Halphen se consacre à la mélodie et à la musique instrumentale.
Son service militaire (novembre 1893-septembre 1894) puis son intégration à l’armée de réserve furent ses premiers contacts avec le monde militaire. Âgé de 42 ans, Halphen est affecté le 1er août 1914 comme lieutenant au 13e Régiment d’Infanterie Territoriale basé à Compiègne. C’est à la demande du colonel Le Moyne qu’il est chargé de constituer une musique militaire pour un régiment qui en est dépourvu par sa nature de “réserviste”. L’objectif sera de jouer pour les blessés des ambulances et les civils des villes de garnison. Avec l’évolution des événements et le besoin en hommes, la musique est dissoute puis reformée entre décembre 1915 et novembre 1916.
L’étude du répertoire interprété, scrupuleusement noté par Halphen, permet de se faire une idée de ce que jouaient les musiques militaires dans le temps de guerre à l’occasion des 47 concerts hebdomadaires que dirigea Halphen. Ce répertoire ne se distingue en rien de ce qui se pratiquait avant-guerre, mêlant musique utilitaire (hymnes, marches, pas-redoublés), et musique transcrite (valses, mazurkas, fantaisies, ouvertures, airs de ballet, poèmes symphoniques).
Là où Halphen se distingue c’est par la composition de quelques mélodies, dont Les Tranchées (mai 1916), rare témoignage sur le vécu du musicien sensible mais patriote dans ce grand tombeau de l’humanité que fut la Grande Guerre.
Halphen meurt de la diphtérie le 16 mai 1917. Cette mort, non glorifiée, laisse un goût d’inachevé et de grand gâchis.
— Patrick PÉRONNET
Docteure en Musicologie de l’Université Paris-Sorbonne, Laure SCHNAPPER est aujourd’hui professeure à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et attachée au Centre Georg Simmel.
Ses thèmes de recherche couvrent le croisement entre la musicologie et l’ethnomusicologie, la musique et la société en France au XIXe siècle, les associations de musiciens au XIXe siècle, le répertoire pianistique virtuose (1815-1870) et les exils de musiciens juifs (en particulier sous le nazisme).