E la banda passò – Carmelo CATALDI
Carmelo CATALDI
CATALDI, Carmelo. E la banda passò.
Et la banda passa, Souvenirs historiques du groupe musical de la ville de Modica
Éditions : Modica
Date de publication : 2018
Nombre de pages : 21
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La réputation des orchestres à vent italiens n’est pas à faire pour ceux qui ont la chance de pouvoir les entendre. Hélas, rares sont ces occasions en dehors de la péninsule. Une réflexion s’est imposée à nous en lisant le travail de Carmelo CATALDI, l’absence de référence à l’ensemble à vent français et ses compositeurs, hors la période initiale 1789-1865 (de la Révolution à Adolphe Sax). Il y a là un phénomène qu’il serait heureux d’analyser.
Les deux mondes musicaux donnent l’impression de s’ignorer d’un côté à l’autre des Alpes alors que les influences musicales réciproques devraient tout avoir pour les rapprocher. Bien que l’ouvrage présenté et traduit soit contraint par des bornes chronologiques, il est essentiel de recentrer l’importance de l’Italie nazione della musica.
Sans remonter à la plus haute Antiquité, les musiciens italiens ont conquis l’Europe par des genres musicaux qu’ils surent inventer : la sinfonia codifiée chez Claudio Monteverdi (1567-1643), la cantate, la musica sacra a cappella dont Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594) reste le modèle, l’oratorio, le concerto ou l’opéra-comique.
Les compositeurs italiens, s’opposant à ceux d’une école germanique ont gravé leurs noms sur la lyre d’Orphée que ce soit Girolamo Frescobaldi (1583-1643), Luigi 6 Boccherini (1743-1805), Antonio Vivaldi (ca. 1678-1741) ou Tomaso Albinoni (1671-1750).
L’influence italienne trouve dans les cours d’Europe rivales l’occasion de compenser l’absence d’une Italie politique partagée alors entre l’influence autrichienne au Nord, la puissance temporelle des papes dans les Etats pontificaux du centre et l’influence française des Bourbons au Sud de la péninsule.
Alors que Giovanni Battista Lulli, le Lully « français » (1632-1687) dominait la musique de cour à Versailles et créait l’opéra français, Giovanni Paesiello (1741- 1816) fut le musicien officiel de la cour russe de Catherine II et Antonio Salieri (1750-1825) celui de la cour autrichienne de Vienne pour ne citer que quelques exemples.
Nous n’oublierons pas non plus les nombreux musiciens italiens qui choisirent de s’installer en France aux XIXe et XXe siècles, à commencer par Gioacchino Rossini (1792-1868), Luigi Cherubini (1760- 1842), Ferdinando Paër (1771-1839), ou, plus intéressant pour les ensembles à vent mais, hélas, ignorés, y compris par les ensembles à vent contemporains, Gregorio Violetta , Joseph Luigini et Eleuthère Lovreglio.
Nous devons rappeler qu’à la différence de la France, l’unité italienne est relativement tardive puisque commencée dans les années 1830 elle ne s’achève qu’en 1870. N’oublions pas encore que la Savoie et le comté de Nice ne sont rattachés à la France que depuis 1860 après avoir été temporairement annexés entre 1792 et 1814 . La zone frontalière du Val d’Aoste, parfaitement bilingue, est à ce sujet exemplaire avec son Orchestre d’harmonie du Val d’Aoste sous la direction de Lino Blanchod, très proche des orchestres français tant pour sa composition instrumentale que pour ses répertoires.
Le lecteur trouvera en annexe l’article “Italie” de Jean Ritz intégré à la Monographie universelle de l’Orphéon.
Cet éclairage, publié en 1910, permet une approche comparative et évolutive entre hier et aujourd’hui. Elle nous semble indispensable pour saisir l’évolution en un siècle. Enfin nous nous permettons de livrer une petite bibliographie récente d’ouvrages portant sur la banda.
— Patrick PÉRONNET
Le livre E la banda passò, Souvenirs historiques du groupe musical de la ville de Modica, écrit par le professeur Carmelo CATALDI (2018), est avant tout une monographie sur l’histoire de l’ensemble à vent municipal de Modica “Belluardo-Risadelli”, recréé en 2015 et actuellement dirigé par le maestro Corrado CIVELLO.
Modica est un ancien duché devenu ville italienne de la province de Raguse en Sicile, dépassant aujourd’hui les 55.000 habitants, et comptant quatre ensembles à vent très actifs. Le projet réalisé durant l’année universitaire 2018 s’est transformé en un ouvrage dans lequel une petite équipe de recherche a pu retracer les origines du groupe musical de la ville datant de la première moitié du XIXe siècle et récupérer, inventorier et analyser un matériel documentaire et photographique dans une optique patrimoniale.
Les prolégomènes de ce livre permettent d’introduire une histoire synthétique des ensembles à vent (dénommé banda) en Italie. Cette partie introductive nous a semblé d’un grand intérêt. Nous proposons ici la traduction en français de cette partie de la publication de Carmelo CATALDI. Nous ne connaissons pas d’ouvrage en langue française qui puisse résumer les particularismes de l’ensemble à vent (banda) italien dans son unicité historique, sa diversité compositionnelle, ses objectifs culturels (voire cultuels) et sa vivacité contemporaine.