A History of Brass Bands in New South Wales – Marc PINNER
Marc PINNER
PINNER, Marc. A History of Brass Bands in New South Wales 1788-1901.
Éditions : Thèse soutenue à la Macquarie University de Sidney (Division of Humanities, Department of Contemporary Music Studies)
Date de publication : 2004
Nombre de pages : 233
Télécharger au format pdf (en anglais 🇦🇺) → A History of Brass Bands in New South Wales 1788-1901 – Marc PINNER
Cette thèse porte sur les années de formation du mouvement des ensembles d’instruments à vent dans la région d’Australie qui est maintenant connue sous le nom de Nouvelle-Galles du Sud.
La période la plus ancienne, c’est-à-dire de 1788 à 1888, couvre les cent premières années de la colonie anglaise. Le mouvement des orchestres en développement était alors, pour l’essentiel, dominé par la présence des orchestres militaires britanniques. Ces orchestres militaires ont également eu une profonde influence sur le développement d’une scène musicale amateur et professionnelle locale.
Vers la fin de cette période, il y a eu une migration à grande échelle de colons libres de Grande-Bretagne vers l’Australie, dont un certain nombre étaient musiciens. Peu à peu, les musiciens locaux sont devenus plus conscients du genre de fanfare qui commençait à devenir la norme dans le nord de la Grande-Bretagne.
La période entre le Centenaire en 1888 et la Fédération en 1901 a commencé à voir l’essor de la fanfare de type brass-band en Nouvelle-Galles du Sud en tant que genre musical distinct. Le brass-band est un ensemble musical auditivement, visuellement et culturellement unique. Le son distinct de la fanfare de cuivres provient directement de l’instrumentation. Le brass-band est entièrement composé d’instruments de cuivre avec l’ajout de percussions. L’unicité du son, cependant, est dérivée de son instrumentarium particulier.
La famille des trompettes, par exemple, est totalement absente, tout comme les cors. Ceci est inhabituel, puisque les trompettes et les cors, étaient les principaux cuivres d’orchestre pendant les périodes classique et romantique, au cours desquelles la fanfare puise ses origines. Dans le véritable brass-band les bois sont également exclus. La nomenclature du brass-band intègre des cornets à pistons (dont le soprano en mib), de la famille des bugles (flugelhom, saxhorns altos, ténor homs et barytons), de trombones (ténor et basse) et de tubas (euphonium, basses, tubas mib et sib). Bon nombre de ces instruments sont devenus obsolètes dans tout autre ensemble.
Les brass-bands ont également une apparence quelque peu unique. Ils se caractérisent par le port d’uniformes distinctifs, chaque “band” ayant son propre style. Bien que les formations militaires portent également des uniformes, elles ont tendance à montrer moins d’individualité puisque l’uniforme militaire est normé par l’Etat. L’uniforme du brass-band peut être comparé aux maillots de football. Il tend à promouvoir une sorte de “tribalisme” ou d’appartenance à un clan distinct, s’exerçant à deux niveaux.
Au premier niveau, être membre d’un brass-band signifie faire partie du mouvement des “brass” dans son ensemble. “Nous, en tant que musiciens, contre eux, les non musiciens”. À un niveau différent, une attitude “eux contre nous” existe entre les formations musicales. Cela engendre à son tour un besoin de compétition qui, bien qu’il ne se limite pas aux brass-bands y est nettement plus prononcé que dans d’autres formes de pratiques musicales collectives, y compris d’autres formules d’ensembles à vent. Cette envie de compétition se manifeste dans le concours qui oriente une grande part des programmes et objectifs annuels ou bisannuels des brass-bands. Bien que les concours musicaux existent en dehors de ce monde, il n’y a pas de compétition musicale plus intense qu’un concours de “brass”.
Bien que les brass-bands puissent être considérées comme quelque peu insulaires, il y a eu, et il y a toujours, une quantité de croisements avec d’autres genres. De nombreux musiciens de “brass” (ce que l’on désigne sous le nom de bandman ou bandmen⁽︎¹︎⁾︎) se sont lancés dans d’autres domaines musicaux, notamment les fanfares et orchestres militaires, mais aussi dans le domaine du jazz et de la musique improvisée.
L’importance du brass-band, en Nouvelle-Galles du Sud, en tant qu’entité à la fois musicale et sociale ne peut être sous-estimée. Les orchestres de cuivres en Grande-Bretagne étaient souvent considérés comme n’étant rien d’autre qu’une “production de musique d’ouvriers” ou une forme de “divertissement personnel” pour des amateurs. Cette attitude n’était pas aussi répandue en Nouvelle-Galles du Sud.
Tout au long du XIXe siècle, les orchestres militaires animaient et faisaient vivre une partie essentielle de la vie nationale et civique. Avec leur disparition, dans la seconde moitié du XIXe siècle, les brass-bands sont devenus l’une des principales sources de divertissement public. La présence d’un “brass” à une procession était considérée comme essentielle. Il est sûr que ces formations musicales ont donné à de nombreux membres du public leurs premiers aperçus de “musique savante”, via la transcription de la musique d’opéra ou d’orchestre. Les groupes étaient également chargés de diffuser les nouvelles formes de musique et de danse populaires.
— Patrick PÉRONNET
⁽︎¹︎⁾︎ Avant les années 1960, il était presque impossible, à l’exception de l’Armée du Salut, que des femmes soient membres de fanfares civiles ou militaires. Les termes “bandman” ou “bandmen” sont utilisés dans cette thèse pour décrire les membres de groupes, quel que soit leur sexe.
La fanfare (brass-band) en tant qu’ensemble musical unique a commencé à émerger en Grande-Bretagne au début du XIXe siècle. Les bandes militaires usant de bois (clarinettes, hautbois, bassons) et de cors, puis, plus tard, les fanfares de cuivres clairs sont nées des ensembles musicaux préexistants. Au milieu du XIXe siècle, une tradition de fanfares se développe et va devenir l’une des formes les plus reconnaissables de la musique amateur en Grande-Bretagne : le brass-band.
Quand les Anglais décident de s’installer dans la colonie de Nouvelle-Galles du Sud (Australie), celle-ci est alors utilisée comme une colonie de pénitencière : entre 1788 et 1839, 160 000 condamnés sont déportés en Australie. La première scène musicale était dominée par des musiciens de l’armée britannique qui faisaient partie des forces envoyées pour diriger la colonie pénitentiaire. Les musiques civiles et les fanfares ont commencé à se développer à partir des années 1840 avec l’abandon du transport des bagnards au profit de l’établissement libre de colons. Les colons des groupes socio-économiques et des régions traditionnellement associées au bagne ont donné l’impulsion initiale à la formation de “bandes civiles”.
La croissance du mouvement des orchestres à vent a également été favorisée par le départ de l’armée britannique en 1870 et la formation de forces militaires locales, avec des orchestres attachés aux régiments. L’expansion coloniale à partir de Sydney, a également vu de nombreux autres ensembles d’instruments à vent se former dans les villes nouvellement fondées.
Le modèle britannique de la “fanfare” amateur tout en cuivre (le brass-band) a commencé à s’établir en Nouvelle-Galles du Sud et en Australie dans son ensemble, vers le tournant du XXème siècle. Avant cette époque, la gamme instrumentale préférée était un mélange de cuivres et d’anches. L’amateurisme, au sein du mouvement des orchestres de la Nouvelle-Galles du Sud, est un phénomène du XXe siècle.
Le Dr Mark PINNER est saxophoniste, et professeur de clarinette et saxophone. Il a suivi des études musicales au Trinity College of Music de Londres, à l’Université de Nouvelle Galle du Sud (NCUK) et obtient en 2004 un doctorat en philosophie (Ph.D.) spécialisé en musicologie et histoire culturelle, de l’Université Macquarie de Sydney.
Il est aussi directeur artistique et musical avec une grande expérience dans les ensembles à vent. Il dirige depuis 2019 le Western Lake Macquarie Concert Band (orchestre d’harmonie) à Rathmines, Nouvelle-Galles du Sud (Australie).