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« Hommage à Ida Gotkovsky, la Dame des Vents » à l’occasion de son 90e anniversaire – Conférences à écouter

« Hommage à Ida Gotkovsky, la Dame des Vents » à l’occasion de son 90e anniversaire – Conférences à écouter

« Hommage à Ida Gotkovsky, la Dame des Vents » à l’occasion de son 90e anniversaire -Conférences à écouter

Les manifestations parisiennes organisées par l’AFEEV en partenariat avec le CRR de Paris, le CRR de Boulogne-Billancourt et le Pôle Supérieur Paris-Boulogne-Billancourt ont eu lieu les 19, 20 et 21 octobre 2023.

La mise en œuvre de cet hommage doit beaucoup à ses deux animateurs principaux : Philippe Ferro et Patrick Péronnet.

Les concerts réunissant des étudiants des trois structures d’enseignement se déroulaient l’un à Paris (le jeudi 19) et l’autre à Boulogne-Billancourt (le 20) avec un programme identique. Le choix fait d’Or et Lumière (composé en 1992-1993) permettait un premier contact avec le compositeur pour ceux qui en ignoreraient tout. Assez typique de l’œuvre d’Ida, la partition d’une durée approximative de 15 minutes est construite sur une tension continue. Nous laissons à Damien François Sagrillo le soin d’une présentation stylistique.

« Or et lumière est conçu de manière monothématique et se subdivise en quatre sections qui se fondent avec fluidité l’une dans l’autre. Deux parties de musique de chambre alternent avec deux parties d’orchestre. Les compositions de Gotkovsky ne sont pas strictement monothématiques, mais les thèmes sont conçus de manière à ce que d’autres thèmes puissent être déduits d’un seul thème principal. Dans Or et lumière, les passages de transition jouent un rôle important. Ils prennent souvent la forme de gammes, qui peuvent également être chromatiques[1]. »

Orchestre d’harmonie du Pôle Supérieur de Paris – Boulogne-Billancourt et du CRR de Paris, sous la direction de Philippe Ferro, concert du 19 octobre 2023 – CRR de Paris.

Nous avons particulièrement apprécié la qualité du pupitre de clarinette, très sollicité, qui se présentait avec un son homogène et juste dès les premières mesures d’ouverture dans un phrasé commun et monodique avant d’aller vers une polyphonie des deux pupitres distincts. Un exemple parfait de ce qu’est l’orchestre d’harmonie latin dans son esthétique. Une prouesse d’autant plus notable que les étudiants sont issus de diverses classes de clarinette liées aux trois structures assemblées pour cet orchestre d’exception. Cette remarque s’applique ainsi à tout l’ensemble orchestral. Un vrai et beau travail autour du son réalisé de façon remarquable par une direction impeccable. Bien qu’il y ait beaucoup à écrire sur les autres œuvres associées à ce concert que ce soit l’original Au-devant du soleil d’Antony Girard[2] (né en 1959) pour saxhorn solo et orchestre d’harmonie et le surprenant Places We Can No Longer Go (2019) du compositeur étasunien John Mackey (né en 1973), nous bornerons notre commentaire à des félicitations adressées au soliste David Maillot[3] (saxhorn basse soliste) et à l’audace d’une telle programmation voulue par Philippe Ferro[4]. Nous souhaitons simplement que ces deux concerts restent dans la tête des jeunes musiciens une référence de ce que peut (et doit) être l’orchestre d’harmonie contemporain.

La journée du samedi 21 octobre était dédiée à la grande Dame des Vents qu’est Ida Gotkovsky. Quatre musicologues avaient harmonisé leurs approches pour rendre non seulement hommage à cette grande dame de la musique, mais surtout pour tenter d’éclairer au mieux sa personnalité et son œuvre.

Patrick Péronnet[5] a retracé une trame biographique permettant d’entrer dans l’œuvre compositionnelle d’Ida. David Mickael Wacyk[6] donnait des clés explicatives de l’art de la composition selon Ida Gotkovsky entre langage original et influences (notamment celle d’Olivier Messiaen). Damien François Sagrillo[7] avait la mission d’évoquer l’œuvre pédagogique originale et les commandes faîtes à Ida Gotkovsky, travaux qui restent exemplaires de l’expression d’un langage personnel très original pour un exercice convenu. Enfin Norbert Nozy[8] livrait avec bonheur une narration circonstanciée de ses rencontres musicales fréquentes avec Ida Gotkovsky à l’occasion des enregistrements de l’intégrale pour orchestre d’harmonie du compositeur[9].

La qualité des interventions et la progression construite a permis de dévoiler une grande partie de l’œuvre du compositeur tout en préservant volontairement sa sphère privée. Une façon de respecter la volonté d’Ida lorsqu’elle déclare « Je pense en toute modestie que seule l’œuvre doit s’imposer et non la personne[10] ».

Les quatre temps de conférence sont disponibles en vidéo (playlist) :

Conférences – 1. Patrick Péronnet : la Dame des Vents

Conférences – 3. Damien Sagrillo : une oeuvre pédagogique originale : les commandes faites à Ida Gotkovsky

Conférences – 2. David Mickael Wacyk : Entre langage original et influences, l’art de la composition selon Ida Gotkovsky

Conférences – 4. Norbert Nozy : Rencontres Musicales avec Ida Gotkovsky, de l’intimité au geste artistique

Les conférences ont été ponctuées par des interventions musicales offertes par les élèves du CRR de Paris et étudiant.e.s du Pôle Supérieur Paris-Boulogne-Billancourt, l’occasion exceptionnelle d’entendre un ensemble d’œuvres « pédagogiques » d’Ida Gotkovsky jouées dans une unité de temps et d’espace. Le 2e mouvement du Quatuor de clarinettes (1998)[11], la Sonate pour clarinette seule (1984)[12] et le Concerto pour cor et piano (1984)[13] offraient des temps heureux de respiration et de liaison entre paroles et musique.

Le concert présenté en fin de journée permettait d’explorer plus encore les capacités créatrices et le style d’Ida Gotkovsky pour une grande diversité d’instruments à vent. Le Concerto pour trompette (1960)[14], les Variations concertantes pour basson et piano (1972-1973)[15], le premier mouvement du Concerto pour trombone et piano (1978)[16], Brillance pour saxophone et piano (1974)[17], la Suite pour tuba et piano (1959)[18] et le Final du Concerto pour clarinette (1968)[19] furent autant d’occasions d’illustrer un véritable portrait sonore du compositeur avec quelques surprises, notamment la Suite pour tuba non référencée dans le catalogue personnel d’Ida ou avec le grand honneur de sa présence que nous a fait le clarinettiste Robert Fontaine[20] (né en 1942), créateur des œuvres pour clarinette d’Ida qui put donner quelques explications sur les circonstances de ces créations.

Les remerciements sont nombreux et s’adressent à tous ceux qui répondirent favorablement à l’invitation que Philippe Ferro et Patrick Péronnet avaient adressée aux musicologues, professeurs d’instruments et jeunes interprètes. Un grand merci encore à M. Benoît Giraud, directeur du CRR de Paris et à Judith Carpentier-Dupont, ingénieure du son.

Ainsi, l’œuvre collective a-t-elle permis de saluer l’action et le travail d’Ida Gotkovsky par un véritable acte de reconnaissance afin d’en souligner la valeur. C’est la moindre des choses que pouvait faire l’AFEEV, honorée de compter cette grande Dame des Vents parmi ses membres depuis sa création.

Patrick Péronnet – 23.10.2023

Les animateurs de la Journée d’hommage (de gauche à droite) Irène Wacyk, Philippe Ferro, Norbert Nozy, Patrick Péronnet, Jérôme Hilaire (trésorier AFEEV), Jean-Pierre Pommier (administrateur AFEEV), David Wacyk et Damien Sagrillo.

[1] SAGRILLO Damien, « Ida Gotkovsky: sa vie et son style illustrés par trois compositions pour orchestre d’harmonie », in Congrès IGEB d’Oberschützen, Autriche 2010, édité par Bernhard Habla, Tutzing, Hans Schneider, 2012.
[2] Compositeur, Anthony Girard enseigne l’orchestration et l’analyse musicale au CRR de Paris depuis 2009, et l’orchestration au CNSMDP depuis 2012.
[3] Saxhorn basse solo de l’Orchestre de la Garde Républicaine et professeur au CRR de Paris.
[4] Flûtiste, chef d’orchestre et professeur de musique de chambre au Conservatoire à rayonnement régional de Paris et au Pôle supérieur Paris-Boulogne-Billancourt.
[5] Docteur en musicologie (Paris-Sorbonne), membre associé à l’Institut de Recherche en musicologie (CNRS UMR 8223), Professeur d’histoire hors classe (E.R.) et secrétaire de l’AFEEV.
[6] Docteur en musicologie, chef d’orchestre,  professeur à l’Université de Missouri-Saint-Louis (États-Unis d’Amérique).
[7] Docteur en musicologie, professeur et directeur de recherches à l’Université du Luxembourg, président de l’Internationale Gesellschaft zur Erforschung und Forderung der Blasmusik (IGEB) [Société internationale pour la recherche et la promotion de la musique à vent].
[8] Saxophoniste virtuose, chef d’orchestre permanent et directeur artistique de la Musique Royale des Guides – Belgique – de 1985 à 2003, professeur de saxophone (E.R.)  à l’Institut Lemmens à Leuven et aux Conservatoires de Bruxelles et Maastricht (Pays-Bas).
[9] Quatre CD enregistrés avec la Musique royale des Guides belges entre 1989 et 1998 et trois autres avec différentes formations musicales. Seul Or et Lumière n’a pas été enregistré par Norbert Nozy, puisque pièce écrite après le départ du chef de la Musique des guides.
[10] Journal de la CMF, n° 548, juillet 2010, p. 11-13.
[11] Interprété par Agathe BONNOT, Alice LENTIEZ-RENARD, Eliott BERDUGO et Malou MOUROT  (classe de Philippe FERRO)
[12] Simon LOPEZ (3e mouvement), Eliott BERDUGO (4e mouvement), (classes de Franck AMET et Florent HEAU)
[13] Par Manuela BIANCHI et Victor CHAUVET, cors ; Lutxi NESPRIA, piano (classe de Vladimir DUBOIS)
[14] Par Lucie LAIGLE, trompette, Seyun HAM, piano (classes de trompette d’André FEYDY, d’accompagnement de Jean-Marie COTTET).
[15] Moe OGA, basson et Junko OKA, piano (classe de Laurent LEFEVRE)
[16] Hugo DECLEVE, trombone, Saori ISHIKAWA, piano (classes de trombone de David MAQUET, d’accompagnement d’Ariane JACOB ).
[17] 1er et 2eme mouvements, Zalia FERLET (classe de Davy BASQUIN), 3eme et 4eme mouvements, Min KYU HER (classe de Philippe PORTEJOIE), Viola PACO, piano
[18] Eulalie THELISSON, euphonium, Baptiste AGOSTINIS, euphonium, Pablo MAXIMILIEN, euphonium, Inès BUCHER, piano.(classes d’euphonium/saxhorn de David MAILLOT, d’accompagnement d’Ariane JACOB)
[19] Heejoo KIM, clarinette, Paul MONTAG, piano (classe de Florent HEAU)
[20] Prix de clarinette du CNSMD de Paris en 1962, lauréat du Concours international d’exécution musicale de Genève en 1963, première clarinette solo au Nouvel Orchestre philharmonique de Radio France de1973 à 2007, professeur de clarinette au Conservatoire européen de musique de Paris en 1995, il dirige aux éditions Gérard Billaudot une collection d’œuvres anciennes et modernes pour clarinette.