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In Memoriam – Frédéric Robert

In Memoriam – Frédéric Robert

Frédéric Robert
1932 – 2023

Patrick Péronnet, musicologue et secrétaire de notre association, nous fait part de son « In Memoriam »
dédié au musicologue français, membre d’honneur de l’AFEEV, disparu en novembre dernier.

Né en 1932, Frédéric Wurmser dit Frédéric Robert fut élève de Norbert Dufourcq pour la classe d’Histoire de la musique au Conservatoire de Paris et y obtient un 1er prix en 1955. Neveu de l’écrivain et résistant Jean Cassou (1897-1988) et de la pianiste Ida Jankelevitch (1898-1982) il approche les musiciens du Groupe des Six (Georges Auric, Louis Durey ou Germaine Tailleferre) et se lie d’amitié avec eux. En 1977 il obtient un doctorat de musicologie à l’Université Paris-Sorbonne où il présente une thèse sous la direction de Jacques Chailley (1910-1999) Des œuvres musicales inspirées par « La Marseillaise » (1792-1919). Spécialiste de la musique française du XIXe siècle, il rédige de nombreux ouvrages musicologiques dont La Musique française au XIXe siècle, collection Que sais-je ? n° 1038, Paris, Presses Universitaires de France, (3 éditions : 1963, 1970 et 1991), 126 p., La Marseillaise, Paris, Nouvelles éditions du Pavillon et Imprimerie nationale éditions, 1989, 367 p., Valeurs de notes, Deux siècles de musique française (1789-1989), Toulouse, Presses Universitaires du Midi, 2019, 160 p. ou La musique française dans l’Europe musicale entre Berlioz et Debussy, Paris, L’Harmattan, 2017, 422 p.
Choriste militant au sein de la Fédération Musicale Populaire dès 1954 il s’investit dans un premier temps dans la recherche de répertoires originaux de l’école française et il écrit, sous l’anonymat de nombreuses harmonisations de chants populaires et des chœurs pour voix d’hommes
Frédéric Robert est, pour le milieu des ensembles à vent, celui qui révéla avec son ami Désiré Dondeyne, une part essentielle de son répertoire patrimonial. C’est la redécouverte en 1958 de la Symphonie Funèbre et Triomphale opus 15 d’Hector Berlioz, dans les archives de la Musique des Gardiens de la Paix de Paris, qui provoque la rencontre entre les deux hommes. Il s’en suivra une amitié marquée par une fidélité réciproque dans le travail. L’enregistrement de cette symphonie inédite de Berlioz sera couronné ultérieurement du Grand Prix du Disque de l’Académie Charles Cros pour ce 33 tours, édité par Érato (1). Ce sera aussi l’occasion d’une rencontre féconde avec Michel Garcin (2). Ce dernier, curieux et passionné des œuvres du XVIIIe siècle, souhaite enregistrer le répertoire pour musique d’harmonie de la Révolution française. Nous laissons à Frédéric Robert le soin de narrer la suite.
« Alors que nous venions tout juste de faire connaissance, nous échangeâmes, Désiré Dondeyne et moi-même, un regard quasi complice, d’autant plus que Michel Garcin s’était déclaré intéressé par toute œuvre originale valable pour orchestre d’harmonie. Ainsi devait commencer ma collaboration avec Désiré Dondeyne et la Musique des Gardiens de la Paix de Paris. Elle devait durer vingt et un ans sur les vingt-cinq années de présence de ce chef à la tête de la formation. » (3)
Les deux noms sont indissociables du Nouveau traité d’orchestration à l’usage des orchestres d’harmonie, fanfare et musiques militaires (4). Frédéric Robert, ce fut aussi une signature repérée dans les années 1980, dans le Journal de la Confédération Musicale de France. Pendant près de 40 ans, il donne des notices de disques, des articles multiples centrés sur la musique française, notamment les musiques de la Révolution, du Consulat et de l’Empire, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution Française. Entre 2008 et 2010, il donne dans le Journal de la CMF une série d’articles sous l’intitulé De la musique au logis à la musicologie (5). Ils retracent son parcours d’homme, de chercheurs et surtout ses rencontres avec Germaine Tailleferre, Henry Sauguet, Darius Milhaud, Georges Auric. Sa complicité avec Louis Durey fait de Frédéric Robert son biographe reconnu (6). Professeur d’histoire de la musique au Conservatoire de Drancy, chargé de cours à l’Université Paris IV – Sorbonne, Frédéric Robert fut aussi l’animateur des Heures Musicales de la Vallée-aux-Loups (Maison de Chateaubriand) de 1987 à 1997, en collaboration avec Bertrand Pouradier-Duteil.
Né dans un milieu artistique et littéraire Frédéric Robert eut une attirance particulière pour la littérature. Son ouvrage Zola en chansons, lui permit d’explorer plus encore ses deux passions (7). Travailleur infatigable, un grand nombre d’écrits de Frédéric Robert sont encore aujourd’hui inédits. Nous souhaitons qu’ils ne le restent pas.
Frédéric Robert était Chevalier des Arts et Lettres, membre du comité d’honneur de l’Ordre des Musiciens, membre d’honneur de la CMF et de l’AFEEV. Notre association lui a dédié une page spéciale et un portrait vidéo.

Il est toujours difficile de trouver les mots pour traduire ce que l’on ressent en pareille circonstance, mais nous sommes certains que Frédéric Robert a semé de nombreuses graines dans sa vie de musicologue passionné. Nous savons ce que nous lui devons. Nous sommes en pensée avec sa famille à qui nous offrons nos plus sincères condoléances.

Au nom de l’AFEEV,
Patrick Péronnet

  1. Premier enregistrement mondial de la Symphonie funèbre et triomphale de Berlioz, fait à l’église Notre-Dame du Liban les 21 et 23 janvier 1958 avec la Chorale populaire de Paris et la Musique des gardiens de la paix sous la direction de Dondeyne, label Érato LDE 3078, 1958. Une réédition sort en 1969 (Érato STU 70493 Stéréo RC 350). C’est cette réédition qui obtient le Prix Charles Cros 1969. À noter encore une version anglaise chez World Record Club, une version australienne pour le même label, une version américaine sur le label Music Guild (Westminster XWN 18865 Mono et Westminster WST 14066 stéréo).
  2. Michel Garcin (1923-1995), ancien élève du Conservatoire de Paris (harmonie, contrepoint, fugue et histoire de la musique) rejoint la toute nouvelle équipe Érato créée en 1953 par Philippe Loury. Garcin développe chez Érato sa volonté de révéler de nombreuses œuvres oubliées ou méconnues.
  3. Cité dans Francis Pieters, Désiré Dondeyne, pionnier de la Musique pour Orchestre d’Harmonie en France au XXème siècle, op. cit., p. 34.
  4. Désiré Dondeyne ; Frédéric Robert. Nouveau Traité d’Orchestration, à l’usage des orchestres d’harmonie, fanfares, et musiques militaires. Paris, Lemoine, 1969, réédition Charnay-les-Mâcon, Robert Martin, 1992, 378 p.
  5. Le premier article de cette « série » a été publié dans le n° 534, février 2008, p. 33-40.
  6. Frédéric Robert, Louis Durey, l’aîné des Six (lettre-préface de Georges Auric), Paris, Editeurs Français réunis, 1968, 223 p.
  7. Frédéric Robert, Zola en chansons, en poésies et en musique, Wavre (Belgique), Éd. Mardaga, 2001, 216 p.