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Aquila non capit muscas (opus 46) – Maxine AULIO

Aquila non capit muscas (opus 46) – Maxine AULIO

Aquila non capit muscas (opus 46) - Maxine AULIO
pour Orchestre d’harmonie

Maxine AULIO

Maxine (Maxime) AULIO est née en 1980 à Chartres en France. Elle débute la musique en jouant de l’orgue et s’intéresse très rapidement aux percussions, au clavecin, puis au cor, instrument qu’elle étudie plusieurs années durant au Conservatoire National de Région de Toulouse. Elle étudiera trois années durant au Lemmensinstituut (Jan VAN DER ROOST,…) de Leuven, en Belgique ; études couronnées en 2006 par l’obtention d’un Master en Musique spécialité composition, option direction d’orchestre. Elle aura également travaillé la direction d’orchestre avec l’illustre professeur du Conservatoire de Paris, Jean-Sébastien BÉREAU.

Au cours de l’été 1999, elle compose sa première œuvre pour Orchestre d’Harmonie, Prophéties, donnée en création mondiale par l’Orchestre du Conservatoire National de Région de Toulouse. Un an plus tard, elle compose Les Voyages de Gulliver, une de ses œuvres les plus connues.

Maxine AULIO

Maxine AULIO est une compositrice autodidacte et éclectique. Son répertoire comporte des œuvres pour soliste(s) et orchestre d’harmonie, mais aussi des œuvres de musique de chambre, pour orchestre symphonique, de la musique de film…

Intéressée par l’histoire de l’orchestre à vents en France – la menant en conséquence vers son passé militaire –, et prônant une action militante autour de cette formation, elle réussit en 2008 un concours pour être Chef de Musique Militaire, fonction qu’elle occupera jusqu’en 2013 à la Musique Principale de l’Armée de Terre. 2017-2021 : elle enseigne direction, répertoire, analyse, orchestration/instrumentation aux nouveaux chefs de musique militaire recrutés.

Sélectionnée en 2015 pour un Doctorat en direction d’orchestre à vents (Doctorate in Musical Arts, in Wind Conducting) à l’Université du North Texas (USA) avec le chef Eugene Migliaro CORPORON, elle devra malheureusement abandonner ce projet. En 2016-2017, elle est en charge de la direction des orchestres, de la musique de chambre et de la classe de la direction d’orchestre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Tours. Elle y est de surcroît compositrice en résidence (2018) tout en participant à de nombreux jurys et formations, et continuant à composer de nouvelles œuvres, elle consacre du temps au développement de l’Association Française pour l’Essor des Ensembles à Vents (AFEEV) dont elle est vice-présidente avec ses amis et collègues du milieu des orchestres d’harmonie français.

Depuis 2021, elle enseigne la direction d’orchestres à vents et dirige les orchestres à vents à l’Escola Superior de Música de Lisboa (Lisbonne – Portugal).

Aquila non capit muscas (opus 46) • Présentation de l’œuvre

1. Les mots de la compositrice 

Impressions et imagination autour de l’histoire antique de la ville de Epomanduodurum (aujourd’hui l’agglomération de Mandeure – Mathay et sous-titre de l’oeuvre) et son théâtre qui fut l’un des plus grands de l’époque gallo-romaine (à partir du Ie siècle avant J.C.), et de son évolution jusqu’à une ville – Mandeure – qui se constitue République indépendante après la Révolution, avec la devise « Aquila Non Capit Muscas » (l’aigle ne prend pas la mouche).

La partition ne décrit aucun événement en particulier, mais tente de créer un imaginaire sonore autour de celui créé par l’histoire de cette ville. Les archéologues travaillant notamment autour du théâtre antique, ont découvert des instruments de musique utilisés longtemps par les gaulois, les romains et les celtes, avec des déclinaisons différentes selon la géographie, sous la forme de « trompettes », droite ou courbes, pour sonner les événements et cérémonies, éventuellement militaires.

Ici, à Epomanduodurum, on sonnait les Carnyx (comme à Tintignac), trompettes droites à têtes de sangliers (animal noble alors). Un de ces instruments, restauré, est utilisé pour la réalisation de l’œuvre. Comme dit plus haut, étant donné l’impression, l’imaginaire créé, il est tout à fait possible de transposer cela vers une autre histoire et utiliser une autre « trompette » antique (tuba romaine, etc.).

2. Un langage résolument contemporain

On entre dans Aquila non capit muscas par des instants suspendus, sans mesure (mais avec des intentions de durée) dans lesquels des interventions inventives de percussions alternent sur fond de vibrations des verres en cristal (des verres chantants). Au n°  2, cuivres et saxophones apportent une dynamique rythmique ascendante qui s’interrompt dans une nouvelle suspension. Le 1er thème apparaît à A, énoncé au piano électrique, telle une petite mécanique implacable ponctuée de coups violents aux percussions. Traité sous forme d’ostinato, le thème s’irise de tenues de cuivres, de plus en plus massives et insistantes pour s’achever sur la dynamique rythmique ascendante déjà entendue au n° 2 mais appliquée cette fois à tout l’orchestre.

S’ouvre alors, à B, une nouvelle phase en suspension, frisée par le pépiement des flûtes, qui est interrompue par deux appels successifs aux trompettes et aux cors. Sur cette trame, les percussions, massives, entament un jeu menaçant se transformant en une forme de scansion répétitive que les aplats de cuivres dramatisent de façon obsédante avec une descente chromatiques des bois qui s’interrompt dans un mouvement irrésolu (à D).

Verre de cristal accordé au Sol# lors de l’enregistrement avec la Musique des gardiens de la paix de Paris.

S’ouvre un nouvel épisode sous forme de perpetuum mobile apaisant, perturbé par des interventions de percussions divers (vibration des verres de cristal, water gong, tam-tam). Cette forme méditative s’interrompt brutalement à E par une interpellation forte et obsédante des bois (clarinettes, saxophones), un bourdonnement qui n’est pas sans évoquer une forêt primaire dense, qui, dans le même tempo ponctué par les claves, s’ouvre sur une clairière brumeuse (à F).

Là s’entendent les sons des carnyx en échos. Les percussions reprennent alors leur marche et leurs cris sauvages alors que les slaps rapides s’enchaînent aux bois. Le staccato des claves se désintègre (G).

Les cuivres, massifs, entreprennent une marche harmonique inquiétante et tourmentée, que l’appel de trompette (à I) transforme en un ostinato d’orchestre rendu vibrant par le vrombissement de whistling’s tubes (littéralement « tubes siffleurs ») qui visuellement dominent les têtes des musiciens. Les cuivres graves, sombres, perpétuent cette atmosphère angoissante. Le pont de J à K (4 mesures) introduit un mouvement vif sur 29 mesures dont la ligne mélodique joue sur trois notes voisines en double croche avant de solder la phrase en une montée chromatique d’une octave inachevée. La répétition de ce motif et son utilisation sous forme fuguée venant du grave à l’aigu, donnent l’impression d’une fuite à l’issue incertaine. Une fois encore, c’est un arrêt sec (à M) qui saisit l’auditeur.

Les premiers instants suspendus du début de l’œuvre se réinstallent, alors que les cuivres sonnent à la manière d’une alarme que brisent les percussions. Le finale reste suspendu, dans une sorte d’intemporalité. La boucle est bouclée.

Affiche de la création d’Aquila non capit muscas

3. Ce qu’il faut retenir 

Si nous avons particulièrement apprécié Aquila non capit muscat, c’est pour son écriture qui n’est pas sans nous rappeler la musique spectrale, chère au dernier quart du XXe siècle, avec ses sons plus ou moins bruités, sa recherche timbrale et ses dilatations d’un son dans le temps. Distendue et contractée, vigoureuse et langoureuse, cette musique « sous tension » saisit l’auditeur. Parce que remarquablement introduites, les nombreuses interruptions du discours musical attendu ne sont en rien gênantes. La frustration générée ne peut qu’éveiller l’attention de l’auditeur. Elle lui apprend la surprise en musique. L’usage des percussions inhabituelles (les verres de cristal, les whistling’s tubes, etc.) joue également un rôle visuel non négligeable.

Le chef doit posséder son métier et avoir l’intelligence de la partition. Si les cuivres graves sont particulièrement sollicités c’est, pour un orchestre de bon niveau, une excellente occasion de présenter ces instruments avec une profondeur émotionnelle rarement exploitée en orchestre d’harmonie.

Nous ne saurions que recommander cette œuvre pour des orchestres qui aiment la découverte et l’aventure musicale.

Focus présenté par Patrick PÉRONNET, docteur en Musicologie, décembre 2024

Création :

Commande de l’Orchestre d’Harmonie de Beaulieu-Mandeure (25) à l’occasion de son 130e anniversaire
Date : 14 et 15 décembre 2019
Lieu : Beaulieu-Mandeure (25)
Chef et orchestre : Harmonie de Beaulieu-Mandeure sous la direction de Claude BOUTON, disparu 10 ans plus tôt, ayant conduit l’orchestre durant de nombreuses années et l’ayant amené à un très haut niveau.

Partition :

Titre : Aquila non capit muscas – Epomanduodurum,  (opus 46)
Pour : Orchestre d’harmonie
Durée : 12’ à 13′
Niveau : Difficile
Édition : HAFABRA Music, t Hof – La Cour 8, 3790 Fourons / Voeren (Belgique) info@hafabramusic.com

Conducteur intégral + Enregistrement par l’Orchestre d’harmonie de la Musique des gardiens de la paix de Paris sous la direction de Gildas HARNOIS.

De gauche à droite : Louis MARTINUS (éditions HAFABRA), Maxine AULIO, le carnyx, et Gildas HARNOIS à l’occasion de l’enregistrement d’Aquila non capit muscat.


Pour ceux qui ne connaîtraient pas la musique de Maxine AULIO 

Clip de présentation de la musique de Maxime AULIO, avec des extraits d’œuvres composées entre 2001 et 2014 (32 minutes).