El Yugo & Malambo Grosso – Gerardo DI GIUSTO
pour Orchestre d’harmonie
Gerardo DI GIUSTO
Le pianiste compositeur argentin Gerardo DI GIUSTO est né le 30 janvier 1961 à Córdoba en Argentine. Après avoir fait des études d’ingénieur et celles de la section piano du conservatoire régional de Córdoba, il s’installe à Paris pour suivre les cours d’écriture musicale du Conservatoire National de Région de Saint Maur, ainsi que de piano et arrangements au C.I.M. (Ecole du jazz de Paris) avec Laurent CUGNY (1985 à 1988).
Pendant quelques années, il travaille comme arrangeur et pianiste avec de prestigieux artistes tels que Julien LOUREAU, Malik MEZZADRI (dit MAGIC MALIK), Mercedes SOSA, Amelita BALTAR (chanteuse d’Astor PIAZZOLLA), Orlando POLEO, Paris Jazz Big-Band, Juan José MOSALINI, et bien d’autres.
Il suit ensuite les cours de Direction d’Orchestre à l’École Normale de Musique de Paris (1994-98) sous la maîtrise de Dominique ROUITZ, et obtient le Diplôme Supérieur de Direction.
Sa musique prend inspiration dans la tradition argentine, l’écriture classique actuelle et l’improvisation. Le Monde de la Musique dira qu’il « change ostensiblement la perspective de la musique argentine actuelle ».
Ses œuvres sont jouées dans un grand nombre de pays, en Argentine, en France, en Grèce, à Cuba, au Japon, etc.
Gerardo Di GIUSTO a composé de belles pages pour l’ensemble d’instruments à vent. Remarquable pianiste, il faut avoir entendu le compositeur au clavier dans la Suite Concertante pour piano et orchestre d’harmonie, commande d’État pour la Musique de l’Air et de l’Espace (direction Thierry Rose, 2001) ou encore dans l’impressionnante Suite Argentina en quatre mouvements, créée en 2014 par la Banda Sinfonica de la Provincia de Cordoba (Espagne) à l’occasion du CBA Jazz Festival. Citons encore des pièces pour solistes et orchestre d’harmonie : le Concerto Grosso pour Quintette d’anches (dédié au Quinteto Slpa ! en 2017) , la Suite del Pato pour Saxophone soprano (dédiée à Oscar Pedano) ou la Fantaisie pour Euphonium (dédiée au regretté Ivan Milhiet).
El Yugo (traduction : le joug) • Présentation de l’œuvre
Orchestré en 2021 El Yugo, est un tango expressif, qui représente très bien ce que Gerardo Di GIUSTO peut exprimer dans le plus pur style argentin. Dans sa construction cette pièce est d’une grande simplicité. Deux mesures d’introduction dans un tempo moderato à quatre temps et la rythmique inoxydable de la danse s’impose. C’est d’ailleurs, pour le chef d’orchestre, un vrai souci : trouver le tempo « juste » ni trop hâtif, ni trop lent pour rendre à la trame rythmique un rôle qui finit par être secondaire, ancré dans la mémoire et qui a tendance à s’effacer derrière les interventions des groupes musicaux qui brodent et dansent sur ce pas obstiné.
Le tango n’est pas, en soi, une danse intellectuelle. Elle serait même, comme la valse musette, le fox trott ou autre java, une de ces danses populaires. Si, dans l’esprit de Gerardo Di GIUSTO, El Yugo ne relève pas du tango canaille des origines, celui des quartiers populaires (barrios) de Buenos Aires, il est le produit de tous les métissages possibles entre habanera cubaine, candombe africain, danse gitane et chanson italienne.
Surtout le tango est l’expression de l’âme argentine, celui des bals et des guinguettes, où se sont formés les premiers Orquestas típicas. C’est d’ailleurs ici une autre gageure que nous devons à ce mélange entre musique populaire et musique savante, l’orchestration de cette partitions aux reflets chauds (caliente). Les musiciens de l’Orquesta típica sont bien connus : bandonéonistes, violonistes, pianistes et contrebassistes. Orchestrer un tango pour l’ensemble à vent revient à caractériser le couple de danseurs sans vouloir copier le son original, mais sans l’oublier non plus. On sent là toute la fibre et tout le charme d’un métissage entre deux mondes, ni totalement français ou européen, ni totalement argentin. Un tissus musical qui croise des trames et des navettes sur un « métier musical » que maîtrise parfaitement Gerardo Di GIUSTO.
Focus présenté par Patrick PÉRONNET, docteur en Musicologie, novembre 2024
Malambo Grosso • Présentation de l’œuvre
À l’instar du tango, le malambo est l’autre danse nationale de l’Argentine. Elle puise dans la tradition des gauchos et transforme l’exubérance physique du cavalier en danse virtuose. A l’origine, danse individuelle et exclusivement masculine, le malambo consiste à un affrontement de danseurs, faisant claquer leurs bottes. Ils se défient en frappant les zapateados (claquement des pointes et des talons dans la danse hispanique), battent la mesure et rythment le galop avec le bombo, gros tambour en bois et en peau et font tourner les boleadoras, lassos munis de boules en bois aux extrémités, de façon vertigineuse.
Ce que dit le compositeur de Malambo Grosso
On dit que ma musique est très imagée, je crois que c’est vrai, et la mettre au service de la danse est une démarche qui m’a toujours tenté.
Les danses traditionnelles argentines ont la force de la terre et du feu. Le « Malambo » et la Chacarera » ont le « zapateo du gaucho », sorte de claquettes argentines héritées des esclaves noirs avec ses rythmes plains de virilité et de force.
Très peu de compositions existent qui marient grand orchestre et danse argentine .J’ai sauté sur l’occasion que me donne Yann Maniez, directeur du Conservatoire de Cébazat, de faire une création pour son orchestre et j’ai proposé d’écrire une première expérience qui pourrait, pourquoi pas un jour, faire partie d’un grand Ballet argentin.
Il fallait faire vite, et j’ai donné une forme thématique à deux chorégraphies déjà existantes que le couple de danseurs ont complété par la suite d’après mes propositions musicales .
Dans cette version seulement instrumentale j’ai remanié la forme pour la rendre plus apte à une pièce de concert.
L’Argentine autrement…
Gerardo DI GIUSTO
Création • El Yugo :
El Yugo, Tango, orchestration 2 juin 2021.
Date : 18 décembre 2021
Lieu : Sémaphore, Cébazat (63)
Chef et orchestre : Orchestre d’Harmonie de la Vallée du Bédat sous la direction de Yann MANIEZ
Création • Malambo Grosso :
Commande de l’Orchestre d’Harmonie de la Vallée du Bédat (Puy-de-dôme)
Date : 18 janvier 2016
Lieu : Sémaphore, Cébazat (63)
Chef et orchestre : Orchestre d’Harmonie de la Vallée du Bédat sous la direction du compositeur
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