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Fragments de l’Apocalypse – Gérard HILPIPRE

Fragments de l’Apocalypse – Gérard HILPIPRE

Fragments de l’Apocalypse - Gérard HILPIPRE
pour Orchestre d’harmonie

Gérard HILPIPRE

Gérard HILPIPRE naît le 4 juillet 1959 à La Broque (Bas-Rhin), dans une famille dans laquelle la musique tient une place importante. Très jeune, il se découvre un goût pour la composition, qu’il développe d’abord en autodidacte puis, à partir de 1977 (date où il intègre l’École Normale d’Instituteurs de Strasbourg) en prenant des cours privés d’harmonie et d’écriture avec Jean WALES, professeur au conservatoire de Strasbourg. En 1980 a lieu la rencontre avec le compositeur et chef d’orchestre Détlef KIEFFER, qui fait jouer les premières œuvres de Gérard HILPIPRE, d’abord par sa classe de musique de chambre au Conservatoire, puis par son ensemble instrumental Studio 111. De 1982 à 1986 il assure la critique musicale du quotidien catholique Le Nouvel Alsacien. En 1998, il fonde l’Association des Amis de l’orgue de l’église Sainte Aurélie de Strasbourg.

Parallèlement à sa carrière d’enseignant et ses activités de critique dans la presse strasbourgeoise, Gérard HILPIPRE affine son langage musical propre, combinant libre atonalité, goût des couleurs sonores et désir d’expression. Sa musique a trouvé des interprètes comme les organistes Pascal REBER ou Yannick MERLIN, les pianistes Alain CARNESECCA ou François KILLIAN, les violoncellistes Jean DEPLACE, Adrian BELENESI ou Alexander HÜLSHOFF, le cymbaliste Cyril DUPUY ou le Quatuor Florestan, la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, les cheffes de chœur Nicole CORTI et Catherine BOLZINGER, le quintette Le Bateau Ivre, etc.

Gérard HILPIPRE

En 1986 la Johann-Wolfgang von Goethe – Stiftung de Bâle lui accorde la bourse Robert-Minder. En 1987 le conservatoire de Strasbourg lui commande une œuvre pour le concert inaugural de son orchestre d’harmonie, nouvellement créé.

Dans les années 1980, Gérard HILPIPRE rend visite à plusieurs reprises à Henri DUTILLEUX, qu’il admire profondément, et qui l’encourage dans sa vocation.

En 2002 l’Université Marc-Bloch lui commande une œuvre pour célébrer le 130e anniversaire de la fondation de l’Institut d’Égyptologie de Strasbourg. En 2006 c’est le 2Rassemblement des Églises de la Regio TriRhena qui lui commande son oratorio De nouveaux cieux, une terre nouvelle. Gérard HILPIPRE a aussi composé Erebus 1 pour orchestre d’instruments à vent (1987), Calme, grandeur, soleil. 2.. pour orchestre d’instruments à vent (1991) un Concerto pour violoncelle 3 et orchestre de bois, cuivres et percussions (1996) et Symphonia Cosmogonica 4 pour grand orchestre de bois, cuivres et percussions (2003). En 2020, le chef d’orchestre Yoann COMBÉMOREL lui demande d’écrire De Natura Temporis 5 pour le Lyon Métropole Orchestra (création prévue en 2024/25).

Les œuvres de Gérard HILPIPRE sont publiées par les Éditions Delatour-France.

Fragments de l’Apocalypse • Présentation de l’œuvre

1. Note de la main du compositeur 

Cette pièce pour grand orchestre d’harmonie trouve sa source d’inspiration dans quatre versets de l’Apocalypse de Saint-Jean. Le compositeur a essayé de donner un équivalent sonore aux visions grandioses, fabuleuses et incroyablement riches en couleurs de ce livre qui exprime une foi inébranlable bien plus que la crainte d’hypothétiques catastrophes. Les inépuisables ressources sonores du grand orchestre d’instruments à vent sont ici traitées dans un esprit très proche d’Olivier MESSIAEN, à la mémoire de qui l’œuvre est dédiée.

2. Au sujet du Livre de l’Apocalypse

Apocalypse est un mot grec ancien signifiant révélation ou dévoilement, qui a donné son nom au Livre de l’Apocalypse, ou Apocalypse de Jean suivant les premiers mots du texte. Il s’agit du dernier livre du Nouveau Testament. Dans les pays de culture anglophone, il s’intitule Livre de la Révélation, ou Révélation de Jésus-Christ.

Un nommé Jean, se trouvant dans l’île de Patmos (près de l’actuelle Turquie, en Mer Égée), déclare avoir eu une révélation, une vision, à la façon des prophètes de l’Ancien Testament, et il la raconte. Vision fantastique : la femme enceinte qui terrasse le dragon, la ville aux murs de saphir et de chrysoprase (variété de calcédoine de couleur verte), les cent quarante-quatre mille sauvés au vêtement d’un blanc éclatant bien qu’ils sortent d’un fleuve de sang, les sortes de sauterelles qui ressemblent à des chevaux équipés pour la guerre ayant comme des couronnes d’or sur la tête et un visage humain, les cavaliers, et les trompettes… Beaucoup de lecteurs, donc beaucoup de chrétiens, sont déroutés par ce langage. Certains sont séduits par la puissante poésie de visions qui ont inspiré des générations d’artistes. En fait l’auteur ne s’attend pas à ce que son lecteur prenne ces visions au pied de la lettre. Le monde antique est familier d’une lecture symbolique où le chiffre, l’objet, l’animal, la couleur font allusion à autre chose qu’eux-mêmes.

De nos jours, le terme « apocalypse » est synonyme de catastrophe, de fin du monde, d’anéantissement. Pourtant, dans la tradition judéo-chrétienne dont il provient, le terme renvoie plutôt à une « révélation » sur le sens du monde et sur la venue prochaine du Royaume de Dieu. La littérature apocalyptique fait toujours état d’un présent malheureux où l’on ressent qu’un événement catastrophique est sur le point de se produire. Les tremblements de terre, la guerre, la pollution de la terre et des eaux… Que l’on songe à l’actualité ou au cinéma, par son caractère universel, l’Apocalypse est un récit toujours présent dans les esprits et la culture populaire contemporaine. Mais pour le chrétien, au lieu d’être présenté comme source d’angoisse, celui-ci est révélateur d’un renouvellement du monde, d’une sorte de régénération. Il est donc souhaitable. Le présent sert alors à anticiper et préparer la venue d’un monde nouveau et meilleur.

3. Les quatre Fragments de l’Apocalypse retenus par Gérard Hilpipre 

1er fragment : « Et voici, il y avait un trône dans le ciel… et le trône était environné d’un arc-en-ciel semblable à de l’émeraude. Il y a encore devant le trône comme une mer de verre, semblable à du cristal. » (Livre de l’Apocalypse, IV, 2,3 et 6).

 2e fragment : « …et il y eut dans le ciel un silence d’environ une demi-heure. Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à sonner. » (VIII, 1 et 6).

3e fragment : « J’entendis du ciel une voix, comme un bruit de grosses eaux, comme le bruit d’un grand tonnerre. » (XIV, 2).

4e fragment : « Et l’un des sept anges me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu. » (XXI, 10).

4. Des mots pour comprendre

Gérard HILPIPRE a su rester dans l’évocation sans entrer dans la description de ces quatre épisodes apocalyptiques, même si les inévitables trompettes trouvent place dans l’histoire musicale qu’il nous narre. Le compositeur a essayé de donner un équivalent sonore aux visions grandioses, fabuleuses et incroyablement riches en couleurs de ce livre qui exprime une foi inébranlable bien plus que la crainte d’hypothétiques catastrophes. Les inépuisables ressources sonores du grand orchestre d’instruments à vent sont ici traitées dans un esprit très proche d’Olivier MESSIAEN, à la mémoire de qui l’œuvre est dédiée.

Olivier MESSIAEN a commenté en musique dans son Quatuor pour la fin du temps (1941) un hommage à l’Ange de l’Apocalypse, choisissant le moment où ce dernier lève la main vers le ciel en disant : « Il n’y aura plus de Temps ». MESSIAEN perçoit ce temps comme le temps musical, avec toutes ses possibilités d’organisation, c’est-à-dire le rythme, qui est au centre des recherches du compositeur. Ce quatuor est ainsi « la première œuvre où les problèmes nouveaux de structures rythmiques sont posés 6, et en particulier : élimination des temps égaux, avènement des valeurs irrationnelles, valeurs ajoutées, pédales rythmiques, rythmes augmentés et diminués, et rythmes non rétrogradables 7». Par ailleurs, MESSIAEN use aussi de rythmes grecs et hindous, de chants d’oiseaux, de transposition musicale de couleurs, pour commenter musicalement sa pensée théologique.

Gérard HILPIPRE est un homme de foi et en cela a une proximité immédiate avec Olivier MESSIAEN, musicien théologique soucieux de louer Dieu dans la splendeur de sa création. Son œuvre compositionnelle en témoigne que ce soit pour l’orgue, dont il est un grand amateur (Triptyque – 1991, Mondes – 1992, Visions d’Ézéchiel – 1995, Chemin de Croix – 2012, Ricercar sur le Psaume 86 – 2023), deux symphonies pour orgue, qui s’inscrivent dans la filiation Widor-Vierne-Dupré : la première « Per aspera ad astra » (2007) la seconde « sur le nom d’Albert Schweitzer » (2013) ou pour des œuvres explicites pour voix tels les Musikalische Exequien (littéralement « obsèques en musique) pour chœur de chambre et orgue (2019), Vox clamantis in deserto (« La voix de celui qui crie dans le désert ») pour alto et orchestre à cordes (2001), Christus factus est (« Le Christ s’est fait obéissant ») pour chœur mixte a cappella (2012), Trois psaumes de David pour chœur mixte a cappella (2009), Am Anfang… (« Au début »), cantate d’après le récit de la Genèse pour voix de basse, chœur mixte et orgue (2012) ou la Sinfonia Sacra pour chœur, orgue et percussions (2017).

Dans la production de Gérard HILPIPRE, Les Fragments de l’Apocalypse ne sont pas la seule œuvre qui réfère au livre de Jean de Patmos puisqu’en 2007 ce dernier écrit De nouveaux cieux, une terre nouvelle, oratorio pour 2 récitants, solistes, chœur d’enfant, chœur mixte, orgue et orchestre, sur un livret du théologien Pierre Pigent, d’après Le Livre de l’Apocalypse (chapitre XXI qui décrit la nouvelle Jérusalem) dont il réitère l’idée selon laquelle toute tentation d’une quelconque représentation cataclysmique est aux antipodes du propos de cette œuvre.

Il y a dans la musique de Gérard HILPIPRE un langage musical propre, combinant libre atonalité, goût des couleurs sonores et désir d’expression et nous regrettons que nombre de ses partitions soient restées confidentielles ou n’aient d’échos que de façon locale ou régionale. Le manque d’enregistrements de qualité limite la diffusion d’une œuvre originale. Espérons que notre modeste contribution puisse éclairer quelques chefs d’orchestre plus curieux que d’autres et qu’un enregistrement consacré aux œuvres pour ensemble à vent signé de Gérard HILPIPRE puisse être disponible.

Focus proposé par Patrick PÉRONNET, docteur en Musicologie, décembre 2024.

Création : 1994, Nantes Philharmonie,  sous la direction Frédéric OSTER.

Nantes Philharmonie, sous la direction de Frédéric OSTER

Partition :

Titre : Fragments de l’Apocalypse, pour grand orchestre d’instruments à vent, « In Memoriam Olivier MESSIAEN », Dédiée à Frédéric OSTER
Pour : Orchestre d’harmonie
Durée : 13’00.
Niveau : Difficile
Édition : Delatour France, 1888, route de la Bastide, Le Vallier, 07120 SAMPZON, 2015.

Conducteur interactif • Fragments de l’Apocalypse • Gérard HILPIRE


Références :

  1. [1]  https://issuu.com/afeev_france/docs/erebus___g._hilpipre_-_conducteur
    ↩︎
  2. https://issuu.com/afeev_france/docs/2019.03.10_-_conducteur_-_calme__gr ↩︎
  3. https://issuu.com/afeev_france/docs/hilpipre_cello_concerto_ ↩︎
  4. https://issuu.com/afeev_france/docs/sinfonia_cosmogonica_-_g._hilpipre ↩︎
  5. https://issuu.com/afeev_france/stacks/6b9cbb242be649afbe3af6ee43ebdd38 ↩︎
  6. Lire à ce sujet Matthieu CHOQUET, Temps et rythme dans la Louange à l’éternité de Jésus, cinquième mouvement du Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen, Nantes, UFR Lettres et langages, Département de philosophie, 2013-2014. ↩︎
  7. Le Nouveau Dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays, t. V, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1994, p. 6128. ↩︎