L’ombre du vent – Laurent Bômont
pour Orchestre d’harmonie
Après des études musicales au conservatoire de Nancy où il obtient un 1er prix de musique de chambre à l’unanimité du jury avec félicitations et un 1er prix de trompette à l’unanimité du jury, Laurent BÔMONT entre au CNSM de Paris en 1989 où il obtiendra un 1er prix de musique chambre (Classe de Jean DOUAI) en 1991 et un 1er prix de trompette à l’unanimité du jury premier nommé (Classe d’Antoine CURÉ) en 1992. Il poursuit au CNSM de Paris en suivant un 3ème cycle de musique de chambre avec le quintette de cuivres Euphonia qui sera lauréat du concours international de quintette de cuivres de Narbonne en 1994.
En 1994 il est reçu à l’orchestre de la Police Nationale, ainsi qu’au poste de trompette solo de l’orchestre de concerts Lamoureux. Passionné par la musique de son temps, Laurent BÔMONT devient également dès 1990 le soliste de l’ensemble Court-Circuit et de l’Ensemble 2e2m dédiés à la musique contemporaine. Parallèlement à sa carrière d’instrumentiste, il se passionne pour l’écriture et reçoit une formation d’harmonie et de contrepoint auprès de Noël Lancien au conservatoire de Nancy.
Sa carrière instrumentale l’a amené à jouer avec des orchestres français et étrangers comme l’Orchestre de Paris, l’Orchestre National de France, l’Orchestre du Théâtre National de l’Opéra de Paris, l’Orchestre National de Lille, l’Ensemble Intercontemporain, l’ensemble L’Itinéraire, le Köln Ensemble, l’orchestre Philharmonia de Londres, l’orchestre de Birmingham, l’ensemble Barcelona 216, l’ensemble ICTUS sous la direction de chefs prestigieux tels Georges PRÊTRE, Myung Wung CHUNG, Yutaka SADO, Christoph Von DONNANY, Pierre BOULEZ, Sir Simon RATTLE, Sir Georg SOLTI, James CONLON, Jean Claude CASADESSUS, David ROBERTSON, Jonathan NOTT, Peter CZABA…
Il a également été invité en tant que soliste dans de nombreux festivals tels que l’Euro International Trumpet Guild, les académies d’été de l’IRCAM, le festival Présences de Radio France, le festival for arts de Hong – Kong, Arena festival de Riga, les 38ème rugissants de Grenoble, Musica à Strasbourg, la Media Week de Tokyo, ou à la BBC de Glasgow… Il a fait également les créations mondiales de nombreuses œuvres contemporaines notamment pour trompette seule et dispositif électronique en collaboration avec l’IRCAM; Métallics de Yan MARESZ, Dispersion fluide de Jongwoo YIM, ainsi que Crispy Grain de Geoffroy DROUIN qui lui est dédicacée. Paul MÉFANO lui a également dédié Speed pour trompette seule en 2004, pièce donnée en création mondiale au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris.
Il a donné de nombreuses masterclasses, notamment à l’université de Mac Gill de Montréal ou lors du festival for Arts de HongKong, ou encore à la Media Week de Tokyo. Très occupé en tant qu’instrumentiste, ce n’est que depuis quelques années qu’il consacre plus de temps à la composition sur les conseils d’amis compositeurs. Il dirige l’orchestre de la Musique de la Police Nationale pour la création de sa première symphonie L’ombre du vent (HAFABRA Music).
« L’ombre du vent » est une œuvre inspirée du roman éponyme de Carlos Ruiz ZAFÓN (né en 1964). C’est un voyage dans un univers gothique où se croisent des personnages inquiétants et violents, drôles et étranges ou emprunts d’idéaux inaccessibles. L’amour, la haine, la trahison, la peur, la joie… À l’image du roman, la musique de « l’ombre du vent », telle une musique de film, se propose de plonger l’auditeur dans l’atmosphère onirique et fantasmagorique de cette œuvre. La pièce est imposée en catégorie « honneur » de la CMF en 2019. Elle comporte trois mouvements de caractères distincts :
Le cimetière des livres oubliés
Dans une introduction suspensive, l’œuvre débute par des battements de cœur qui tiendront l’auditeur attentif. Toutes les couleurs de l’orchestre d’harmonie se superposent ensuite pour construire la deuxième partie de ce mouvement. Ce sont les clarinettes, qui dans un entrechoquement rythmique, tentent de dicter le tempo. Arrive enfin une pulsation stabilisée grâce aux flûtes puis les saxophones, laissant vibrer un magnifique solo de cor anglais puis de saxophone alto. Toutes les interventions solistes sont entrecoupées de passages cuivrés amenant à un grand accelerando qui amène à la partie centrale de ce mouvement. « La bibliothèque » (des livres oubliées), est un passage lumineux mettant en avant une solide section de trompettes, trompettes piccolos, bugles et cornets. Sonnera ensuite un grand choral, large et puissant.
Pénélope et Julian
Puisant dans ce souvenir du choral, Laurent Bômont débute ce deuxième mouvement par une introduction lente et recueillie par tous les cuivres. C’est l’euphonium qui rompt cette introduction par un solo apaisé. Le saxophone soprano dialogue ensuite avec le hautbois jusqu’à nous amener dans une ambiance mystérieuse. Le saxophone (soprano puis alto) garde la parole sur des valeurs très longues pendant que les bois gardent une pulsation très présente. Vient le tour des trompettes de dialoguer et d’amener l’œuvre jusqu’à son climax. Le saxophone ténor termine ce mouvement dans le sillage du cor anglais, nous laissant avec beaucoup d’interrogations.
Villa Aldaya
Ce mouvement, d’une esthétique très différente laissera la place au tuba solo. C’est ainsi que le compositeur aborde tous les registres, toutes les couleurs pour sublimer au maximum l’orchestre d’harmonie. Tantôt binaire, tantôt ternaire, parfois rythmique, parfois lyrique, nous sommes emmenés dans quelque chose de fantastique. La fin reprend différents thèmes entendus jusqu’à nous laisser dans une fin quasi religieuse ; comme si un deuxième opus pourrait compléter cette histoire.
Focus présenté par Laurent DOUVRE, chef-adjoint de la Musique de l’Air et de l’Espace, juillet 2024.
Interprétation par l’Orchestre d’Harmonie Brassage lors du concours de Monéteau en 2019, dir. Laurent Douvre.
Création :
2016, Musique de la Police Nationale, sous la direction de Laurent Bômont.
Partition :
Pour : Orchestre d’harmonie
Durée : 22 min. 45
Niveau : Difficile (5+)
Editeur : HAFABRA Music
1er mouvement
2e mouvement
3e mouvement