Memento vivo – Olivier CALMEL

Ses œuvres ont été jouées au Théâtre du Châtelet, Salle Pleyel, Philharmonie de Paris, Auditorium de Radio France, 104, Cité de la Musique, Théâtre de la Ville, Grand T de Nantes, Opéra de Rennes, Théâtre du Beauvaisis, Maladrerie, Kursaal de Dunkerque, MégaCité à Amiens, ainsi qu’aux États-Unis (New York Symphony Space, Ohio, Kentucky, Pittsburg Heinz Hall), en Europe (Londres, Lisbonne, Genève, Lausanne, Annemasse, Innsbruck, Zagreb National Theatre, Dnipro Academic Opera and Ballet Theatre), et en Asie (Pékin, Pingtung, Tokyo, Osaka, Nagoya… ).

Passionné depuis longtemps par la musique de film et le rapport musique image, il compose la musique de documentaires, courts et moyens métrages, films d’animation et institutionnels, ainsi que des musiques de jeux vidéo. En tant que pianiste il se produit dans de nombreuses salles et festivals (Théâtre du Châtelet, Enghien Jazz Festival, Jazz à Vannes, Jazz à Arras, Musiques au Présent, Jazz à Montmartre, Jazz en Nord, MusicaJazz, Festival Klasik, etc.), et est amené à collaborer avec de nombreux artistes, parmi lesquels Michel Portal, Pierre Arditi, etc.

Professeur d’orchestration au Conservatoire Paul Dukas de Paris, il est régulièrement invité à donner des master classes et des conférences.

Le catalogue de ses œuvres comporte de nombreux ouvrages d’orchestre et de musique de chambre, des œuvres vocales, du jazz, des musiques de films et des pièces pédagogiques. Il partage ses activités entre la composition et l’orchestration de musiques pour des films, des commandes pour des orchestres et ensembles contemporains et le jazz. Olivier Calmel est Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.

www.oliviercalmel.com

C’est grâce à une coïncidence de budget providentielle que nous avons pu, sans difficulté, convaincre notre hiérarchie de la nécessité de cette création et de sa pertinence en 2024. La commande était au départ de s’appuyer sur la marche Servir de Maurice Huré ¹, marche historique de la MPN, portant la devise des CRS, pour « la citer, l’augmenter, la triturer, la bricoler, l’étendre … » Dès la fin de notre appel, Olivier nous disait déjà : « c’est bon je vois déjà les contours de la pièce ».

La semaine suivante, Olivier choisissait d’éloigner les attendus pour prendre la distance nécessaire et agrandir le champs symbolique de la pièce en illustrant la mémoire, l’engagement, l’humanisme et le salut. Tout cela autour des valeurs républicaines qui lui sont chères. L’écriture était lancée !
Régulièrement, durant l’été, des envois d’audios, des morceaux de conducteurs, des idées, des questionnements communs nous ont occupé dans cette élaboration. Le choix du titre fut également un sujet. Sur les quatre propositions apportées, Memento Vivo sonna le plus fort !
Les dates butoirs s’approchant, commençant à nous familiariser avec les différents thèmes de l’œuvre, nous avons mis en marche toute la logistique nécessaire pour ce concert anniversaire.

Alexandre Piquion, chef de la MPN, s’empara de la partition et en proposa une version éclatante, emplie de la distance indispensable à la justesse du propos, habitée de ce moteur rythmique complexe et si naturel !
Le public ne s’y trompa pas, les explications d’Olivier permirent à chacun de se projeter dans l’œuvre. Ce fut un succès !

Le soin apporté à la nomenclature, la complexité rythmique, la finesse des timbres, l’atmosphère qui émane de cette pièce traduisent la grandeur, le doute, le courage, le dépassement de soi, tous ces aspects qui habitent ces professions au service des autres.

2. Ce qu’en dit le compositeur

Memento Vivo est une œuvre pour orchestre qui s’inscrit dans une démarche profondément ancrée dans la célébration des valeurs humanistes et républicaines. À travers cette composition, l’auditeur est invité à un voyage introspectif et collectif, où l’engagement et le salut s’entrelacent dans un dialogue musical riche et symbolique. L’œuvre est structurée en quatre parties distinctes, chacune reflétant une étape clé dans le cheminement de cet engagement pour la vie.

1. Mystérieux et assez lent : Cette première partie évoque l’émergence de l’idée d’engagement. Le thème de l’engagement, constitué de quatre notes (quinte ascendante, tierce mineure ascendante, tierce majeure descendante), est ici introduit dans un climat de mystère et d’incertitude. Le mouvement lent et envoûtant symbolise la réflexion profonde, les hésitations et les doutes qui précèdent toute décision de s’engager ; ces dernières sont personnifiées par le thème du doute (seconde descendante, tierce mineure descendante, seconde majeure ascendante).
   
2. Vif : La deuxième partie, plus énergique, traduit la force de l’action une fois la décision prise. Le thème de l’engagement y est confronté au thème de la résolution, un long motif diatonique en doubles croches qui symbolise la clarté et la détermination retrouvées. Le contraste entre ces deux thèmes illustre le conflit intérieur, mais également la persévérance face aux défis.
   
3. Très modéré : Dans cette section, le choral de l’engagement se déploie pleinement. Les valeurs longues en mouvements contraires représentent l’équilibre et l’harmonie des forces opposées qui se rejoignent pour faire cause commune. Le thème Servir fait ici son apparition, pont essentiel qui relie l’engagement individuel à la résolution collective. Il symbolise la transition entre la volonté d’agir et la réalisation concrète de cette volonté au service des autres.
   
4. Extatique : La dernière partie est une apothéose, une célébration heureuse de la réussite de l’action collective et du salut. Le thème de la résolution réapparaît dans toute sa force, mais cette fois-ci dans une texture orchestrale enrichie, marquant l’accomplissement et l’exaltation qui découlent de l’engagement réussi. Les différents thèmes précédemment exposés se fondent dans une unité triomphale, témoignant de la puissance et de la beauté de l’action collective au service des valeurs universelles et humanistes.

Memento Vivo est plus qu’une œuvre musicale ; c’est un hommage à ceux qui, chaque jour, choisissent de s’engager, de servir, et de sauver. À travers des thèmes variés et une structure en quatre mouvements distincts, l’œuvre révèle l’essence de ce voyage, de l’idée initiale à l’action accomplie, dans un dialogue entre le doute, la résolution, et l’extase de l’accomplissement. Cette composition se veut une réflexion sur la force de l’engagement et la noblesse de l’œuvre commune, piliers indispensables à la construction d’une société harmonieuse, juste et progressiste.

Nous sommes très fiers de ce Memento vivo, de la ferveur qui transpire de l’œuvre, nous souhaitons autant de plaisir aux musiciens qui la programmeront que nous en avons eu à la créer !
Nous lui espérons une longue vie, pour que l’on continue à commémorer ce qui doit l’être et que l’engagement pour autrui vive à travers cet hymne.

Focus présenté par Jérôme GENZA, Chef de musique adjoint de la Musique de la Police Nationale

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Références :

1. Le compositeur est en réalité M. Jacquet, haut fonctionnaire détaché par le Ministère des Finances au Ministère de l’Intérieur en qualité de contrôleur financier. Mélomane, compositeur de talent il est l’auteur d’œuvres de musique légère et d’une chanson-marche intitulée Police de France devenue la marche officielle de la Police nationale sous le titre Servir, dans l’orchestration du commandant Maurice Huré (1911-2005), alors chef de la Musique de la Sûreté nationale (de 1956 à 1968). ↩︎