Xénophonia – Olivier CALMEL

Des commandes pour solistes, ensembles et orchestres sont à l’origine de la plupart de ses œuvres, notamment pour l’ Orchestre philharmonique de Radio France, l’Orchestre national d’Île-de-France, l’Opéra de Massy, l’Orchestre symphonique de Bretagne, le Festival de violoncelle de Beauvais, l’Orchestre de la Garde républicaine, Paris Brassband, la Musique des gardiens de la paix, l’Orchestre d’Harmonie de la Région Centre, l’Harmonie Saint-Pierre d’Amiens, l’Orchestre d’Harmonie de Levallois, Brassage, l’Orchestre d’Harmonie Français, le Quatuor Anches hantées, l’Orchestre d’harmonie de Pantin et bien d’autres…

Passionné depuis longtemps par la musique de film, il compose la musique de nombreux documentaires, courts métrages et moyens métrages, films d’animation et institutionnels, ainsi que des musiques de jeux vidéo. Membre puis Président de l’Association française pour l’essor des ensembles à vent (AFEEV), il est professeur d’orchestration au Conservatoire Paul Dukas à Paris, il est régulièrement invité à donner des master-classes et des conférences. En tant que pianiste il se produit dans de nombreux lieux de diffusion, salles et festivals.

Le catalogue de ses œuvres comporte de nombreux ouvrages d’orchestre et de musique de chambre, des œuvres vocales, du jazz, des musiques de films et des pièces pédagogiques. Il partage ses activités entre des commandes pour des solistes, des ensembles contemporains et des orchestres, la composition et l’orchestration de musiques pour des films et le jazz.

Xénophonia • Présentation de l’œuvre

1. Ce qu’en dit le compositeur 

Xénophonia est une œuvre pour orchestre en trois mouvements qui célèbre la quête de l’autre, le respect des singularités et la quintessence des différences. Antoine de SAINT-EXUPÉRY nous apprend que « accepter l’autre, c’est précisément l’accepter comme autre. Unifier, c’est nouer même les diversités particulières, non les effacer pour un ordre vain. »

De l’idée d’un dépassement par la tolérance, l’altruisme et le respect des diversités naît la quête de l’autre comme quête de soi. Cette œuvre apporte une réflexion, au sens premier du terme comme au figuré, des bienfaits de la prise de conscience des singularités, de leur rayonnement et de leur complémentarité. Paul VALÉRY met en valeur cette dernière idée : « Mettons en commun ce que nous avons de meilleur, et enrichissons-nous de nos mutuelles différences. »

Le respect des différences est le respect de l’autre, le respect de soi, le respect de ce qui est mis en commun tout autant que de ce qui reste différent. Et c’est également la disponibilité et le désir pour ce qui va naître de la rencontre de ces différences.

« Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente. C’est dans ce que les Hommes ont de plus commun qu’ils se différencient le plus » nous rappelle également Albert Camus.

Le plan de l’œuvre reprend ces idées dans les mouvements respectifs dont chaque dynamique, chaque mélodie, chaque aspérité rappelle l’idée d’altérité :
I. Singularité [largo, vivace], II. Réflexion [larghetto], III. Diversité [presto con fuoco].

Xénophonia propose ici une évocation plus que jamais sensible, une ouverture à ces questions que tout être humain rencontre au cœur même de sa propre vie comme il lui faut répondre à cet appel chez l’Autre.

« Être différent n’est ni une bonne ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même. » écrit Albert Camus.

Olivier CALMEL

2. Contexte et commande de l’œuvre

Dans le cadre des festivités organisées pour fêter son centenaire, l’Orchestre d’Harmonie de la Ville de Forbach a passé commande au talentueux compositeur Olivier Calmel. Un cadeau d’anniversaire extraordinaire intitulé Xénophonia, suite pour orchestre en 3 mouvements.

Cent ans de vie d’un orchestre, c’est autant de rencontres, de vies croisées, d’échanges, de contradictions, de sacrifices, de moments de bonheurs et de partage, de découvertes des autres…. D’élévation de soi.

Tel est le propos central de la pièce Xénophonia : La découverte de l’autre, l’acceptation et la valorisation de la différence pour l’acceptation de ce que l’on est vraiment au plus profond de nous.

Xénophonia est une pièce très exigeante, autant de manière individuelle que collective, mais quel bonheur ! Cette œuvre, aux plans sonores très riches et variés, est très agréable à étudier pour l’orchestre (ceci est rarement dit mais tellement important), et amène nos publics à découvrir beaucoup de couleurs inhabituelles.

L’Harmonie Municipale de Forbach (Moselle – 57) sous la direction de Pierre PETIT

3. Xénophonia : Présentation de l’œuvre par le chef créateur de l’œuvre 

« Les autres sont essentiellement des miroirs de toi-même » – Friedrich Nietzsche

1^er Mouvement : Singularité

Ce mouvement commence par un largo de vingt mesures. Dès le départ, l’homme est au centre du propos sonore par un jeu de respirations et d’expirations installant la rythmique préparatoire au balancement du Vivace. Ce début aérien et contemplatif, aux sonorités hongroises, laisse une place de premier plan aux bois qui mettent en place un réel dialogue. Le timbre de chacun met en exergue la différence des hommes. La partition nous dirige alors progressivement, par un accelerando, à une danse (vivace) aux rythmiques asymétriques caractéristiques des Balkans, ce qui nous entraine dans un état proche de la transe.

2^nd Mouvement : Réflexion

L’intériorisation de l’être humain, quête éternelle de chacun pour répondre à la question existentielle : Qui suis-je ? Quelle est ma raison d’être ?
Cette idée est développée dans ce deuxième mouvement par l’apparition d’un thème empli d’une grande solennité, voire de gravité. Construit sur un raga du sud de l’Inde « Ramapriya », les lignes thématiques faisant résonnance au dieu Rama sont solennelles, puissantes et appellent à la quête intérieure. Soutenues par une rythmique syncopée, les discours sont présents dans tous les pupitres de l’orchestre où chacun vient apporter sa couleur sonore et se fondre dans le son de l’autre pour ne former, au final, qu’une seule et même personne.  

3^ème Mouvement : Diversité

Con fuoco, ou l’illustration par cette indication que le combat intérieur du second mouvement a été gagné. Également basé sur un raga, ce dernier mouvement, d’une énergie impressionnante mais maitrisée, va emmener les musiciens et le public dans un final délivrant et puissant. Soulignant à nouveau les thèmes de Rama et du choral exposés dans les mouvements précédents, le compositeur nous emmène et nous plonge dans une mixité de styles alliant couleurs orientales et rythmiques très proches du métal. Ceci pour nous rappeler que les différences ne sont qu’enrichissement réciproque et que la crainte de l’autre ne peut servir l’homme.

Le monde est en perpétuel mouvement. Cette suite en trois mouvements met en lumière cette valeur fondamentale qui est la tolérance, la connaissance de l’autre et le respect. Nous avons, aujourd’hui encore et plus que jamais, besoin de cultiver ces valeurs que nous espérons universelles.

C’est avec un grand honneur que les musiciennes et musiciennes de l’Orchestre d’Harmonie de la Ville de Forbach ont reçu cette magnifique œuvre. Nous avons essayé de la servir au mieux lors de sa création le 29 octobre 2022.
Je reste infiniment reconnaissant au compositeur Olivier Calmel de nous avoir livré une aussi belle partition.
Je souhaite le plus bel avenir à cette suite symphonique pour le bonheur de toutes et tous.    

Focus présenté par Pierre PETIT, chef de l’Harmonie Municipale de Forbach