Jean-Baptiste Arban, du cornet à la baguette – Xavier CANIN

CANIN, Xavier. Jean-Baptiste Arban, du cornet à la baguette : un musicien français du XIXe siècle aux multiples talents.

Thèse de doctorat en Musique et Musicologie,
soutenue à l’Université Paris-Sorbonne, sous la direction de Danièle PISTONE.
Date de publication : 2016

Lire la thèse → Jean-Baptiste Arban, du cornet à la baguette – Xavier CANIN

Les travaux récents de musicologie portant sur les virtuoses adulés du XIXe siècle sont légion pour les pianistes et violonistes, mais ils sont très rares pour les vents et encore plus rares pour les cuivres⁽︎¹︎⁾︎. Pourtant le « vedettariat » qui entoure alors un certain nombre d’entre eux mérite un intérêt certain et permet de comprendre les esthétiques de leur temps.

Jean-Baptiste ARBAN est de ce nombre. Très jeune, il s’engage comme musicien dans la marine et participe en 1840 au voyage de la goélette La Belle Poule qui va à Sainte-Hélène chercher les cendres de Napoléon.

En 1841, il entre au conservatoire de musique de Paris, où il étudie la trompette (naturelle) avec François DAUVERNÉ et obtient en 1845 un premier prix. Après être sorti du conservatoire, Arban passe au cornet (inventé en 1831) et reprend du service dans la marine jusqu’en 1852. C’est pendant ces années qu’il met au point sa technique de jeu (en particulier le coup de langue), arrivant à un niveau de virtuosité qui stupéfie les dirigeants du conservatoire lors de l’exécution en 1848, au cornet, d’une pièce pour flûte de Theobald Boehm.

De 1852 à 1857, il fait partie de plusieurs orchestres de salon et est même invité à diriger l’orchestre de l’opéra de Paris. En 1857, il est nommé professeur de saxhorn à l’École militaire, et publie sa Grande Méthode complète pour cornet à pistons et saxhorn en 1864, dans laquelle figurent, entre autres études de virtuosité, les célèbres « Variations sur le Carnaval de Venise ».

Le 23 janvier 1869, il peut enfin inaugurer une classe de cornet au conservatoire de Paris, après une tentative infructueuse sept ans plus tôt. Sa carrière internationale l’entraîne sur les routes de l’Europe (Pays Bas, Allemagne, Belgique, Russie, Angleterre) et dépose un brevet de perfectionnement des instruments à pistons en 1886.

Bien que centré sur le personnage d’Arban, le travail de Xavier CANIN s’intéresse à l’héritage culturel qu’a laissé, en France, ce dernier et notamment ses ouvrages pédagogiques (la fameuse Grande méthode complète de cornet à pistons et de saxhorn de 1864). La question pertinente de l’enseignement contemporain du cornet à piston est traitée par l’auteur, comme seul un instrumentiste expert et impliqué dans la pédagogie peut le faire et ce n’est pas la moindre des qualités de l’ouvrage.

— Patrick PÉRONNET

⁽︎¹︎⁾︎ Il faut cependant citer les travaux de Christophe ROSTAING consacrés à F.G.A. Dauverné et les trompettistes de l’orchestre de l’Opéra de Paris et ceux de Raymond LAPIE consacrés à Dieppo ou le trombone français.

Rares sont les musiciens de la famille des cuivres qui ignorent de nos jours le nom de Jean-Baptiste ARBAN (1825-1889). Son attachement au cornet à pistons et au Conservatoire de Paris a cependant relégué dans l’ombre ses autres activités : composition, enseignement, direction d’orchestre et entrepreneuriat.

Afin de les faire mieux connaître, nous avons pu réunir une importante documentation issue d’archives, publiques et privées, ainsi que de la presse de son temps. Ces documents nous ont permis de mettre en évidence l’ensemble des faits relatifs à sa vie et à son œuvre, concernant tout un pan de la vie parisienne, de la monarchie de Juillet à la IIIe République. Comptant quelque 700 entrées, le catalogue d’œuvres que nous avons établi illustre aussi la richesse de sa production musicale, principalement liée à la danse et au divertissement.

En retraçant le parcours atypique de cette célèbre figure musicale du XIXe siècle, de sa jeunesse passée à Lyon dans une famille d’artificiers à la direction des bals de l’Opéra, l’auteur de cette thèse espère apporter une contribution efficace à l’histoire de la société française de cette époque.

Né en 1983, Xavier CANIN débute la trompette dans sa Charente natale avant d’intégrer le Conservatoire de Bordeaux en 2000. Il y obtient Diplôme d’Etudes Musicales puis son Diplôme de perfectionnement en trompette et musique de chambre, dans la classe de Jean-François DION.

Attiré par la pédagogie, il obtient en 2006 son Diplôme d’État de professeur de trompette, et réussit la même année le concours d’entrée au CNSM de Paris, dans la classe d’Antoine CURÉ et Bruno NOUVION. Il clôture sa formation parisienne par un Diplôme national professionnel de musicien et un Master 2 d’interprète.

Il a occupé un poste de cornet solo au sein du Brass Band de la Musique de l’Air de Paris de 2005 à 2016, et se produit régulièrement au sein de divers orchestres prestigieux. Il assure, depuis sa création en 2002, la direction artistique du quatuor de trompettes Clarini.

Enfin, parallèlement à son activité d’instrumentiste, il est docteur en musicologie de l’Université Paris-Sorbonne. Il est directeur du Conservatoire à Rayonnement communal de Pamiers (Ariège) depuis 2016.