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Le Puy-de-Dôme en musique ! – Séverine BOUGUILLON & Jeanne VIRIEUX

Le Puy-de-Dôme en musique ! – Séverine BOUGUILLON & Jeanne VIRIEUX

Éditions : Le Puy-de-Dôme en musique ! Musique vivante, histoire et patrimoine, les sociétés musicales de 1869 à nos jours, Clermont-Ferrand, Archives départementales du Puy-de-Dôme, collection « Regards sur… » Patrimoine en Auvergne, n° 3
Date de publication : 2019
Nombre de pages : 222 p.

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C’est par le plus grand des hasards que nous avons pris connaissance de cet ouvrage.

Sans doute notre affection pour l’Auvergne et notre fidélité au département du Puy-de-Dôme depuis près de 50 ans, nous ont convaincu de prendre le temps de regarder d’un œil distrait et nostalgique ce livre. Et nous n’avons pas été déçu du voyage, car de voyage ce livre en est un.

Les Archives départementales du Puy-de-Dôme possèdent de très belles collections précieusement conservées dans un lieu récemment aménagé. L’investissement d’importance est à la hauteur des trésors qu’elles renferment et s’ouvre vers des publics rajeunis par une politique active de communication.

Le sujet central de l’ouvrage Le Puy-de-Dôme en musique ! est la notion de « société musicale » autrement dit les orphéons, fanfares et harmonies qui, depuis 150 ans, marquent leur présence sonore dans l’espace public, promeuvent l’apprentissage de la musique pour tous et affirment une identité sociale et musicale particulière. Séverine Bouguillon contribue très largement à l’ouvrage en livrant des textes de grande qualité réflexive s’interrogeant sur la possibilité d’écrire une histoire des associations musicales, décrivant ces mêmes sociétés dans le temps et dans l’espace et tentant de cerner les aspects sociaux mêlant statuts, fédérations, concours, et fêtes patronales ou nationales, pédagogie, création d’un réseau d’enseignement spécialisé de la musique.

C’est à Jeanne Virieux, l’autre co-autrice principale de cet ouvrage que revient l’étude ethnographique des signes identitaires de ces sociétés musicales : noms, bannières et drapeaux, uniformes, fête de Sainte-Cécile et autres artefacts.

La conclusion revient à Séverine Bourguillon qui, avec les apports de Richard Bucaille tente un véritable essai d’une trentaine de pages tentant une interprétation socio-historique de ces sociétés musicales.

Là où le livre devient absolument remarquable c’est par l’abondance et la qualité de son iconographie. Soucieux de n’oublier aucun village du Puy-de-Dôme, riche d’une documentation publique (dépôts des sociétés et fédérations aux Archives départementales) et privée (les prêts de collectionneurs, d’associations et témoignages de responsables et de familles de musiciens), l’ouvrage n’est pas qu’une carte postale ancienne. Il interroge sur le présent de ces ensembles d’instruments à vent évoquant « une véritable éthique de l’orchestre amateur, qui se nourrit de ses racines et transmet les valeurs et le plaisir de « jouer ensemble » » (p. 56).

Si nous trouvons encore un intérêt à cet ouvrage, c’est qu’il montre la nécessité pour les associations musicales parfois très anciennes, de gérer au mieux leur patrimoine. Les déménagements d’une salle de répétition à une autre sont toujours l’occasion d’un tri.

Lorsqu’on se retrouve avec des piles de partitions manuscrites, des livres comptables ou de secrétariat, des photographies anciennes, des diplômes, des médailles, des coupes, des bannières, des éléments d’habillement, il est tentant de faire le vide par manque de place ou d’intérêt. Il y a d’autres solutions. Les archives locales ou départementales, les musées et autres lieux de conservation savent que l’objet apparemment anodin devient patrimonial puisque consubstantiel à une communauté d’individus.

Patrick Péronnet – 19 février 2024

Bannière en tête, casquettes vissées sur la tête et yeux rivés sur leur carton de musique, les musiciens de centaines d’orchestres amateur ont fait résonner leurs répertoires dans les rues des villes et villages de France. Apparues massivement dans les années 1870, près de 70 sociétés musicales contribuent aujourd’hui à la vitalité des collectivités puydômoises et participent, par leur savoir-faire et leur créativité à l’expression d’une musique vivante. Mais quand, où, dans quelles circonstances et comment ces sociétés musicales se sont-elles créées ? Beaucoup sous la Troisième République qui a associé la musique à ses fastes et à son décorum, comme avant elle la Révolution française. Mais qu’en est-il par la suite et aujourd’hui ? Qui est à l’initiative de ces sociétés puis a contribué à leur pérennité ? Des musiciens bien sûr, mais pas uniquement ; notables, autorités municipales et locales s’y sont constamment impliqués. Comment se sont-elles développées, comment ont-elles évolué ?

Ces harmonies, fanfares et chorales sont le lieu de multiples transformations ; les instruments, les répertoires ne sont pas immuables mais sujets au changement. Alors qu’elles témoignent d’une pratique associative précoce et vigoureuse, ces sociétés musicales étaient jusqu’à présent plutôt mal connues, leur histoire imparfaitement explorée et leur patrimoine un peu oublié. Parce qu’elles sont structurées en forme associative, leur histoire n’était, du point de vue des Archives départementales, perceptible qu’au travers de son lien très formel avec les administrations publiques autorisant leur existence ou attribuant, le cas échéant, des subventions. Leurs archives, comme les archives associatives en général, n’ont vocation à intégrer les services d’archives publiques qu’à titre « extraordinaire » – contrairement aux archives publiques qui y sont ordinairement versées.

Foisonnants, les documents produits par les associations dans le cadre de leur activité sont pourtant de premier intérêt.

Depuis 2014, les Archives départementales du Puy-de-Dôme, en partenariat avec l’Union départementale des sociétés musicales (UDSM63), ont mené un projet de territoire dont l’ambition était de mettre en valeur ces formations musicales, projet qui reposait sur la collecte et l’étude des archives privées de ses associations musicales, ainsi que sur l’enregistrement de témoignages de leurs membres actifs ou anciens musiciens. En effet, comment aborder de façon vivante l’histoire de ces associations si ce n’est en interrogeant directement leurs membres actifs, dépositaires de souvenirs, de photographies ou de films, d’archives et de pratiques musicales dont les origines remontent au milieu du XIXe siècle ?

Troisième opus de la collection « Regards sur… », l’ouvrage propose une synthèse richement illustrée de cette plongée dans l’histoire de la musique amateur dans le Puy-de-Dôme et offre un nouvel éclairage sur l’histoire sociale et culturelle du département. Il compile un minutieux travail de recherches dans les fonds administratifs et dans la presse, l’exploitation des photographies et documents prêtés par les sociétés musicales, et le témoignage des musiciens.

Séverine Bouguillon est chargée de recherches et de documentation patrimoniales pour le Conseil départemental du Puy-de-Dôme. Elle est en charge de la communication institutionnelle, conservation des Antiquités et objets d’art aux Archives départementales du Puy-de-Dôme. Elle est également présidente de l’Harmonie Aubréroise (Aubière, Puy-deDôme) depuis 2019.

Jeanne Virieux, née en 1953, est attachée de conservation. Elle est autrice d’une étude pour la Conservation départementale du Patrimoine ethnologique du Puy-de-Dôme consacrée à l’ethnologie de l’alimentation, particulièrement centrée sur le fromage (préparation, consommation) Des Auvergnats et du fromage : approche ethnologique d’une spécificité alimentaire (1983). Elle a exercé au Musée national des arts et traditions populaires et fut chef de projet au Conseil Général du Puy-de-Dôme.