
Les facteurs d’instruments de musique à Paris au XIXe siècle: des artisans face à l’industrialisation – Malou HAINE

HAINE Malou, Les facteurs d’instruments de musique à Paris au XIXe siècle: des artisans face à l’industrialisation
Éditions : Thèse de doctorat, soutenue en 1982 à l’Université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres, Editions de l’Université de Bruxelles
Date de publication : 1985
Nombre de pages : 472 p.
Présentation
Pour qui s’intéresse aux ensembles d’instruments à vent, il semble assez logique de s’intéresser à l’histoire de la facture instrumentale, ce que l’on nomme l’organologie. Cette science est basée dès l’origine sur les examens et les analyses iconographiques, picturaux, sculpturaux et manuscrits des recherches musicologiques et ethnomusicologiques dans les cultures et les civilisations du monde entier. Ses domaines sont larges et étendus, de l’archéologie aux technologies les plus modernes en passant par la restauration et la classification des instruments.
Depuis le XIXe siècle des musicographes ont posé les bases de cette science. En France, il faudrait citer Jean-Georges Kastner avec deux ouvrages, le Traité général d’instrumentation, (Paris, Philipp, 1836) et le Manuel général de musique militaire à l’usage des armées françaises, (Paris, Firmin Didot frères, 1848), Adolphe Le Doulcet comte de Pontécoulant et son Organographie, Essai sur la facture instrumentale, Art, industrie et commerce, (Paris Castel, 1861) et Oscar Comettant avec son ouvrage La musique, les musiciens et les instruments de musique chez les différents peuples du monde (Paris, Michel Lévy frères, 1869). Puis vinrent les spécialistes et collectionneurs, à l’image de Gustave Chouquet qui écrit Le musée du Conservatoire de musique. Catalogue descriptif et raisonné, (Paris, Firmin Didot, 1875) et surtout Victor-Charles Mahillon, fondateur et premier conservateur du Musée instrumental du Conservatoire Royal de Musique (aujourd’hui Musée des instruments de musique ou MIM de Bruxelles) qui écrit le monumental Eléments d’acoustique musicale & instrumentale (Bruxelles, Mahillon, 1874) et le Catalogue descriptif et analytique du Musée Instrumental du Conservatoire royal de Bruxelles, précédé d’un Essai de classification méthodique de tous les instruments anciens et modernes (Gand, Typographie C. Annoot-Braeckman, 1880) et à qui nous devons, aujourd’hui encore, la classification des instruments de musique.
Cette littérature pionnière put déboucher sur un travail encyclopédique. Depuis près de soixante ans, les collectionneurs et les spécialistes des instruments à vent sont redevables aux recherches de Lyndesay G. Langwill. Au départ, il s’agissait d’une diffusion privée de listes, puis, à partir de 1960, de la publication de son Index of Musical Wind-Instrument Makers (Index des fabricants d’instruments à vent) sous la forme d’un livre, qui connaîtra finalement six éditions. Avant de mourir en 1983, Langwill a désigné William Waterhouse comme son successeur. Dix ans plus tard, ce legs a porté des fruits d’une maturité, d’une richesse et d’une qualité que Langwill lui-même n’avait jamais atteintes avec The New Langwill Index (Londres, Tony Bingham, 1993)/
Mais cette recherche s’est très largement trouvée étoffée, pour la lutherie française, par les travaux de Malou Haine que nous présentons ici. Cette dernière a fait école et les organologues spécialistes des instruments à vent sont trop nombreux, aujourd’hui, pour que nous prenions le risque de les citer tous. Nous laissons notre lecteur découvrir des articles et ouvrages dans notre Bibliographie AFEEV et lui souhaitons beaucoup de plaisir dans la compréhension de ce que cette science peut apporter aux études sur les ensembles d’instruments à vent.
Patrick Péronnet, 1er janvier 2025
Résumé
Au carrefour de la musicologie, de l’histoire économique et sociale, de l’archéologie industrielle et de la géographie humaine, ce livre montre comment un métier artisanal s’est industrialisé dans certains de ses secteurs : développement des ateliers, recours aux machines-outils, production en série, démocratisation des prix, etc. Mais cette industrialisation engendre aussi de nombreux petits ateliers spécialisés dans une phase précise de la fabrication et qui gravitent autour des quelques grands ateliers. Les salaires et conditions de travail sont basés sur les enquêtes de la Chambre de commerce de Paris. L’élite ouvrière des grands ateliers réagit à cette industrialisation et prend conscience de sa classe : elle organise un système de défense qui débouche sur la création d’associations ouvrières et de chambres syndicales. Cette étude décrit l’essor de la facture instrumentale française, les limites de son industrialisation, le plafonnement de ses succès devant la concurrence étrangère et l’amorce de son déclin.
L’autrice
Malou Haine est professeur émérite de musicologie à l’Université libre de Bruxelles et conservateur émérite du Musée des instruments de musique à Bruxelles. Elle a exercé un mandat de chercheur auprès de la Politique scientifique fédérale belge (2009-2012).
Depuis 2009, elle codirige la collection MusicologieS aux Éditions Vrin (Paris), après avoir dirigé seule la collection Musique/musicologie aux Éditions Pierre Mardaga à Liège (1985-2007) et celle de Pepetuum mobile chez Symétrie (Lyon) (2007-2009). Elle est auteur ou coauteur d’une vingtaine de livres, et en a dirigé une quinzaine d’autres. Elle a écrit plus de deux cents articles dans des revues spécialisées et a participé à une centaine de colloques internationaux..
« Visiting Professor » à Urbana-Champaign (Ill. USA) en 1986, elle a également enseigné à l’Ecole normale supérieure de Paris en 1991, 1993 et 1998, ainsi qu’à l’Université de Liège de 1984 à 1993.
Ses travaux portent sur la vie musicale en France et en Belgique de 1750 à 1950, tant dans ses aspects institutionnels que sociaux. Elle s’est plus spécialement consacrée aux instruments de musique, à « Liszt en France et en Belgique » en passant par « Jean Cocteau et la musique » ou « Le groupe des Six » ou encore « Les musiciens de la famille Servais -Van Dyck ». Elle a consacré plusieurs travaux aux écrits de musiciens. Elle a également traduit huit ouvrages sur l’architecture et sur la musique et écrit plusieurs centaines d’articles de dictionnaires.
Depuis 2012, elle s’intéresse à la place de la musique et des instruments dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, dans les dictionnaires spécialisés de l’Encyclopédie méthodique et, plus généralement, dans les dictionnaires lexicograhiques du XVIIIe siècle.