Harmoniemusik – Mikołaj RYKOWSKI
Mikołaj RYKOWSKI
RYKOWSKI, Mikołaj. Harmoniemusik : Un phénomène artistique et sociologique de la culture musicale dans les XVIIIe et première moitié du XIXe siècle en Europe centrale.
Thèse
Éditions : academia.edu
Date de publication : 2011
Nombre de pages : 401
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Mikołaj RYKOWSKI offre dans ce travail de recherche de très intéressantes réflexions sur ce que fut l’Harmoniemusik (littéralement “Musique d’Harmonie”) dans ses origines.
Issue des Pays de la couronne de Bohême (Tchéquie, Moravie), l’Harmoniemusik naît au XVIIe siècle. Sa modélisation et sa diffusion sont le fait très particulier d’un système d’éducation musicale considérant que l’élève-musicien, s’il est “spécialiste” de sa matière, est à la fois un instrumentiste et un compositeur-arrangeur. Cette globalité ne sépare et ne néglige aucune famille instrumentale, l’organiste n’ayant pas plus de prestige que le hautboïste. La formation ouvre la voie à la spécialisation au contact des maîtres.
Mais tous les futurs musiciens sont formés de façon globale, sans hiérarchie, que ce soit dans l’art de la composition ou celui de l’interprétation. Innombrables sont les musiciens qui possèdent l’art de composer et sont reconnus comme virtuoses pour leur instrument. Plus étonnant pour notre siècle, tous ces musiciens pratiquent de façon très correcte plusieurs instruments (poly instrumentistes) et notamment des couples cordes-bois (violon et clarinette, violoncelle-cor, etc.) ou clavier (orgue, clavecin, forte-piano) et vent (bois et cuivres).
Le haut degré d’intérêt pour la musique dans cette Europe centrale aux XVIIe et XVIIIe siècles provoque une forme de compétition entre les divers pupitres liés aux cathédrales des grandes villes et aux cours princières. Les écoles liées aux plus importants monastères, aux maîtrises des cathédrales ou aux villes « libres » fournissent des musiciens de qualité, et deviennent des lieux d’excellence pour la pratique des instruments à vent.
Le phénomène des “grandes émigrations” des musiciens tchèques, étudié entre autres par Guy ÉRISMANN(1) au cours de la période baroque, permet de comprendre comment s’effectuèrent ces transferts de savoir et de pratique, d’abord en “pays d’Allemagne” (comprendre dans les royaumes et principautés du Saint-Empire romain germanique dominés par le Royaume d’Autriche), puis en France dans la période 1750-1820. Ces transferts sont évidents pour le cas de la clarinette et du cor(2).
Explorant les parcours de ces musiciens à vent regroupés dans les formations d’Harmoniemusik, Mikołaj PYKOWSKI s’intéresse à quelques foyers musicaux liés à la grande aristocratie et aux cours princières des Pays de la couronne de Bohême puis de l’Empire austro-hongrois en construction, ou, recherche plus originale encore, dans le royaume de Pologne.
L’influence de ces musiciens-compositeurs-interprètes tels Antonio ROSETTI, Franciszak KRAMAZZA, Joseph TRIEBENSEE ou György FESTETICSA permettent d’éclairer le jeu instrumental en parallèle de celui de la composition originale pour un genre qui, vu de France, s’apparente à un art de vivre « à la Viennoise ». Ce dernier sera copié à partir de la cour versaillaise sous le règne de Louis XVI et l’influence de Marie-Antoinette et de son entourage, et dans de nombreux pays d’Europe occidentale. Il est partiellement à l’origine de l’ensemble à vent français qui connaîtra prospérité et popularité aux premiers temps de la Révolution française.
— Patrick PÉRONNET
(1) ÉRISMANN Guy, La musique dans les pays tchèques, Paris, Fayard (coll. Les chemins de la musique), 2001.
(2) PÉRONNET Patrick, « Vents de Bohême, l’influence des musiciens à vent des Pays de la couronne de Bohême en France (1750-1820) », Journée d’études internationales, La France et les Pays Tchèques aux XVIIe et XVIIIe siècles : croisements et influences dans la vie musicale, Ambassade de la République tchèque à Paris, Centre de Musique Baroque de Versailles, Festival d’été de musique ancienne de Prague (Collegium Marianum) et Bibliothèque de Moravie, Paris, 8 avril 2019.
Harmoniemusik : Un phénomène artistique et sociologique de la culture musicale dans les XVIIIe et première moitié du XIXe siècle en Europe centrale.
Le texte de cette thèse de doctorat sur la pratique musicale, est basé sur le concept de l’Harmoniemusik, de sa réception et de sa diffusion. Résultat d’un travail considérable dans les archives tchèques, slovaques, moraves, allemandes et viennoises, ce travail universitaire explore les conditions de la naissance de ce phénomène, et de ses zones natives.
La diffusion des écrits pédagogiques à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles font migrer ces pratiques musicales instrumentales et collectives (ensemble de six à douze instruments à vent désignés parfois sous le nom de “colonne d’harmonie” terme revendiquée par la maçonnerie) entre les milieux ecclésiastiques, militaires et aristocratiques.
Mikołaj RYKOWSKI est titulaire d’un doctorat de l’Université polonaise Adam Mickiewicz de Poznan (2011, Musicologie) pour laquelle il a soutenu sa thèse intitulée “Harmoniemusik – Un phénomène artistique et sociologique de la culture musicale dans les 18e et première moitié du 19e siècle en Europe centrale” sous la direction du Prof. Ryszard Daniel GOLIANEK.
Tout en travaillant sur sa thèse, il a reçu des bourses d’étude de doctorat. L’une d’elles, d’une durée de deux ans (2009-2011), a été financée par le ministère polonais de la Culture. Ses recherches ont exploré les collections de musique dans les archives tchèques, moraves, autrichiennes, allemandes et polonaises.
Grâce à ses études, certains témoignages de l’Harmoniemusik polonaise (jusque-là inconnus des musicologues européens – comme au monastère de Jasna Góra) sont apparus. Le but principal de son activité était d’explorer le phénomène Harmoniemusik à la fois scientifiquement et pratiquement. Il a présenté des articles lors de conférences internationales(3).
À partir de 2011, il a commencé à travailler dans le département de théorie musicale de l’Académie de musique de Poznań, où avec le professeur Hanna KOSTRZEWSKA, Janina TATARSKA et ses collègues, il a produit une série de conférences sur le thème de la musique et de la mondialisation en 2014 et 2015. Celles-ci sont devenues une source d’inspiration majeure pour un livre intitulé Music Glocalization: Heritage and Innovation in a Digital Age, édité par David HEBERT et Mikołaj RYKOWSKI (Cambridge Scholar Publishing, 2018). Son dernier projet de recherche est le développement d’une monographie sur la production créative du compositeur et pianiste germano-polonais Franz Xaver SCHARWENKA (1850-1924).
(3) C’est notamment le cas de « Cantabile, esprit et fluidité – Harmoniemusik tchèque et morave au temps de l’épanouissement de la culture musicale des Habsbourg », Alta Musica, n ° 26, (publication IGEB), sous la direction de Raoul Camus, Bernhard Habla, et Hans Schneider, Tutzing 2008, p. 361-368